Inflation record en Inde

Selon les statistiques hebdomadaires publiées vendredi, le taux d'inflation en Inde a atteint 7,57% sur un an.

L'inflation record en Inde depuis trois ans et demi, poussée par la flambée des prix des denrées alimentaires, risque de provoquer lors des élections de 2009 un vote sanction de centaines de millions de pauvres contre le gouvernement de centre-gauche.

"Historiquement en Inde, une inflation élevée fait perdre les élections puisqu'elle frappe très rapidement les pauvres", relève ainsi Deepak Lalwani, directeur de la maison de courtage londonienne Astaire Securities.
Et les statistiques hebdomadaires publiées vendredi sont mauvaises: le taux d'inflation a atteint 7,57% sur un an lors de la semaine achevée le 19 avril, après 7,33% pour la semaine précédente.

L'indice s'envole à cause de la hausse des prix du riz, du lait, du thé, des légumes, de l'essence et de produits industriels comme l'acier utilisé dans la construction.
Jamais depuis décembre 2004, l'inflation n'avait été aussi forte et son taux a doublé depuis novembre dernier.

Inquiet, le ministre des Finances Palaniappan Chidambaram a demandé vendredi à ses concitoyens d'être "patients et confiants".
"L'inflation sera jugulée. Les prix de l'alimentation baisseront avant ceux d'autres produits", a-t-il promis, s'engageant à "prendre toutes les mesures possibles", mais rappelant aussi que l'envolée des prix alimentaires et pétroliers était un phénomène mondial.

La banque centrale a relevé à plusieurs reprises ses taux d'intérêt pour tenter d'enrayer l'inflation, tout en prenant soin de ne pas étouffer la croissance économique de la troisième puissance d'Asie.
Enfermé dans ce dilemme, l'institut monétaire a, cette semaine, laissé inchangé à 7,75% son principal taux d'intérêt, déjà au plus haut depuis six ans, de peur qu'un énième relèvement du loyer de l'argent n'affecte encore un peu plus la consommation à crédit de voitures, téléphones ou appartements, moteur d'une croissance qui marque le pas depuis l'été 2007.
La banque centrale a en revanche augmenté la part d'argent liquide que les banques commerciales doivent garder en réserve.

Cette mesure permettra de réduire la masse d'argent en circulation sans casser le taux de croissance du produit intérieur brut d'environ 8,5%, mais qui pourrait tomber à 7% au cours de l'exercice budgétaire bouclé en mars 2009.
New Delhi a aussi interdit les exportations de certaines catégories de riz et de lentilles et débloqué 154.000 tonnes supplémentaires de blé et 230.000 tonnes de riz.

Car l'agriculture fait vivre les deux-tiers des 1,1 milliard d'Indiens des campagnes et, malgré la centaine de millions de nouveaux riches urbains, 300 millions de gens vivent avec moins d'un dollar par jour en Inde. Ces derniers sont les premières victimes de la flambée des cours des céréales, de l'huile, du gaz ou de l'essence.

Ce sont pourtant ces centaines de millions d'électeurs défavorisés qui avaient contribué à la victoire en mai 2004 du parti du Congrès du Premier ministre Manhoman Singh, cornaqué par la présidente du Congrès, Sonia Gandhi.

Et la valse des étiquettes est une bien mauvaise nouvelle pour cette coalition "progressiste" avant des élections législatives prévues d'ici à mai 2009.
Les alliés communistes du gouvernement, qui le soutiennent au Parlement, ont programmé ce mois-ci des manifestations dans tout le pays et l'ont accusé vendredi d'avoir failli à sa mission de contrôle des prix.

Le parti d'opposition nationaliste hindou, le Bharatiya Janata Party (BJP), a également dénoncé "l'échec" du gouvernement fédéral en organisant une chaîne humaine dans l'Etat du Maharashtra, dans l'ouest, là où quelque 3.000 paysans criblés de dettes se suicident tous les ans.

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