Les grands brokers américains surveillés comme le lait sur le feu

Lehman Brothers et Goldman Sachs (mardi) puis Morgan Stanley (mercredi) publient leur résultats cette semaine. Bear Stearns a avancé de jeudi à lundi la publication des siens.

Une ambiance surréelle planait dans les salles de marché des acteurs de la finance américaine vendredi soir. Alors que l'annonce du plan de sauvetage de Bear Stearns par JP Morgan Chase et la Réserve Fédérale avait frappé les esprits, une extrême prudence paralysait les prises de décision.

"Comme tout le monde, nous avons décidé de réduire notre risque de contrepartie avec Bear Stearns, souligne l'analyste d'un fonds de pension de 40 milliards de dollars. Puis nous nous sommes demandés quelle était, parmi nos contreparties, celle qui est le plus exposée à Bear Stearns. Et nous avons trouvé Lehman Brothers". Un tel raisonnement explique pourquoi Lehman Brothers a fait savoir qu'il avait trouvé une facilité de crédit de 2 milliards de dollars sur trois ans auprès d'une quarantaine de banques.

D'habitude, une telle opération est monnaie courante et ne donne pas lieu à la publication d'un communiqué de presse. Mais aujourd'hui, il faut absolument convaincre la communauté financière que le business est en bon état de marche. Et Lehman, dont le bilan affichait un effet de levier de 40 lors de la publication de son dernier trimestre fiscal, a besoin de rassurer.

Le broker pourra le faire la semaine prochaine. On attend la publication de ses résultats mardi, avec Goldman Sachs. Mercredi, Morgan Stanley fera de même. Normalement, on aurait du avoir la publication des résultats de Bear Stearns jeudi mais la banque a préféré avancer la date à lundi 17 mars.

Pour Lehman Brothers, la Deutsche Bank a abaissé de 1,02 dollar à 57 cents son estimation de bénéfice par action du premier trimestre fiscal 2008. Sur l'ensemble de l'année, Deutsche Bank donne maintenant une estimation de 4,10 dollars (6,15 dollars précédemment) et retient 6,45 dollars pour 2009 (contre une estimation précédente de 7,20 dollars). Elle juge que les provisions liées à l'évaluation à la valeur de marché des titres inscrits au bilan de Lehman Brothers seront plus importantes que prévu. Elles pourraient atteindre 4,6 milliards de dollars sur le premier semestre 2008 (2,3 millards au premier trimestre). Les prêts LBO représenteraient 1 milliard de dollar de ce montant, les titres de créance hypothécaire 3 milliards, les crédits subprime 550 millions et les crédits distribués en Europe 300 millions.

La Deutsche Bank laisse toutefois percer une note d'optimisme dans ses commentaires jugeant que les provisions liées au CDO (Collaterized Debt Obligation, crédits structurés) et CMBS (Commercial Mortgage Backed Securities, titre de créance hypothécaire sur immobilier de bureau) devraient être provisoires.

Une chose est sûre, Goldman Sachs ne devrait pas faire état d'un trimestre superbe à l'image du quatrième trimestre 2007. Certes, le trading pour compte propre peut faire des miracles mais les opportunités étaient sans doute moins importantes au cours des trois derniers mois. Merrill Lynch envisage un niveau de provision de 3 milliards de dollars pour Goldman Sachs et donne une estimation de bénéfice par action de 2,31 dollars, ce qui correspond à une rentabilité des fonds propres de 11%. Précisons que selon son dernier rapport 10K remis à la Securities and Exchange Commission (SEC), Golman Sachs avait fait état de 72,05 milliards de dollars d'actifs classés en Level 3 (actifs difficiles à valoriser) pour des fonds propres de 39,12 milliards de dollars.

Morgan Stanley, qui a passé une provision de 9,4 milliards de dollars au cours de son quatrième trimestre 2007 doit encore faire le ménage dans son bilan. La Deutsche Bank envisage 4,2 milliards de dollars de provision supplémentaire sur le premier semestre 2008, dont 1,5 milliard sur les prêts LBO, 2,1 milliards sur l'immobilier commercial et 700 millions sur les CDO. Son total de bilan, qui avait atteint 1250 milliards de dollars fin 2007, devrait avoir sensiblement réduit. Depuis deux mois, le message du président John Mack à ses pairs de Wall Street est qu'il privilégie la liquidité et qu'il met en place un meilleur contrôle des risques et un meilleur système informatique.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.