Wall Street envisage pour Bear Stearns un autre avenir que son rachat par JPMorgan Chase

Alors que l'offre de JPMorgan valorise l'action Bear Stearns à deux dollars, le titre de la banque d'affaires voisinait mercredi le triple de ce prix.

Promise à un rachat pour une bouchée de pain par JPMorgan, la banque américaine Bear Stearns a vu son cours progresser régulièrement depuis lundi, porté par l'éventualité d'offres concurrentes et d'une rébellion d'actionnaires mécontents des conditions de sa reprise.

Alors que l'offre de JPMorgan valorise l'action Bear Stearns à deux dollars, le titre de la banque d'affaires voisinait mercredi le triple de ce prix.

Selon le Financial Times, l'un des principaux actionnaires de Bear Stearns, l'investisseur Joseph Lewis (groupe Tavistock), s'apprêterait à voter contre la proposition de JPMorgan, de même que nombre d'actionnaires salariés.

M. Lewis détiendrait environ 9% du capital et serait susceptible de perdre plus d'un milliard de dollars si la transaction aboutissait. Les salariés contrôleraient eux, au total, environ un tiers des actions de Bear Stearns.

JPMorgan s'est engagé à convoquer une assemblée générale extraordinaire pour faire ratifier l'opération "aussi rapidement que possible", mais n'a pas encore communiqué de date.
Selon le New York Post, qui cite mercredi des sources proches du dossier, M. Lewis et le président du conseil d'administration de Bear Stearns, James Cayne, qui détient lui-même environ 4% du capital, se seraient mis en quête d'un autre acheteur.

D'après le quotidien, ils auraient contacté en ce sens plusieurs fonds d'investissements et des banques, dont Barclays, HSBC, Crédit Suisse et Royal Bank of Scotland.
Mais si les spéculations soutiennent le cours de Bear Stearns, les analystes s'interrogent sur l'éventuelle émergence d'une contre-offre, l'accord prévoyant la possibilité du désengagement de la banque vis-à-vis de JPMorgan en cas d'offre supérieure.
Les présentations de résultats des banques américaines Lehman Brothers et Morgan Stanley, mardi et mercredi, ont montré que tous les établissements ont retenu la leçon enseignée involontairement par Bear Stearns.

La plupart souhaitent conserver un niveau élevé de liquidités et de capitaux propres pour faire face en cas de coup dur. Une stratégie incompatible à court terme avec le rachat d'une banque, JPMorgan ayant évoqué des coûts associés de six milliards de dollars.
En outre, Bear Stearns affiche encore une exposition de 33 milliards de dollars à l'immobilier américain, selon les chiffres communiqués au moment de l'annonce.
"Je pense qu'il s'agit essentiellement de rumeurs et qu'il n'y aura pas d'autre offre", a indiqué à l'AFP un analyste sous couvert d'anonymat.

Un nouveau candidat au rachat prendrait également le risque d'indisposer la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a piloté avec l'administration Bush le sauvetage de Bear Stearns et son rachat par JPMorgan.

Sans bénéficier de l'appui de la banque de Réserve fédérale de New York, qui s'est engagée à prêter jusqu'à 30 milliards de dollars à Bear Stearns via JPMorgan, l'attractivité de la transaction serait nettement moindre.
Bear Stearns "n'a jamais été sur notre radar" a ainsi commenté mardi le directeur financier de Goldman Sachs, David Viniar, lors de la présentation des résultats de la banque.

"Au final, les actionnaires réaliseront qu'aucun autre établissement ne se manifestera et ils voteront en faveur du rachat" par JPMorgan, a estimé l'analyste.
Car en l'absence d'un autre acheteur potentiel, Bear Stearns ne pourrait plus échapper à JPMorgan, à moins de courir le risque de se retrouver à nouveau en situation d'insolvabilité et de mener à une nouvelle intervention de la Fed.

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