Mis bout à bout, les trois spectacles proposés par le Ballet du Grand Théâtre de Genève durent tout juste une heure. La soirée n'est donc pas longue mais ne manque pas pour autant d'intensité. Deux pièces de Jiri Kylián font office de mise en bouche de choix. "Blackbird" tout d'abord, beau duo mixte que le chorégraphe tchèque, longtemps directeur du Nederlands Dans Theatre, a imaginé il y a sept ans. Comme une fissure dans le mur, une colonne de lumière éclaire les deux partenaires qui se tournent autour, gardent leur distance l'un l'autre, jusqu'à se rencontrer dans des échanges tendus. La musique traditionnelle géorgienne ajoute à cette danse une solennité religieuse qui sera vite désamorcée par l'humeur de la pièce suivante, "Sechs Tänze".

Au rythme enlevé des "Six danses allemandes" de Mozart, quatre couples - en costume d'époque et sous perruques poudrée - se laissent entraîner au fil de péripéties burlesques durant six scènes sans temps mort. Drôle, plein d'originalité et de poésie à l'image du final qui s'effectue sous une pluie de bulles de savon, du Kylián savoureux à souhait.

La création du chorégraphe britannique d'origine sri-lankaise Isira Makuloluwe nous transporte encore dans un autre univers. Habitué à croiser souvent les genres, du hip-hop au classique, il s'est laissé inspirer par les "Confessions" de Saint Augustin pour ce "No Place Like Home". Le résultat n'est pas aussi ascétique que le sujet le laisserait penser. La scénographie et les costumes sont sobres mais les 14 danseurs, souvent tous présents sur scène, dégagent une énergie redoutable. Un peu comme si la solennité de la première pièce de Kylián et l'ardeur de la seconde, se réunissaient en un seul moment vertigineux.

Jusqu'au 29 avril au Bâtiment des Forces Motrices de Genève. Renseignements: www.geneveopera.ch. La compagnie du Ballet du Grand Théâtre de Genève sera de passage en France le 14 juin prochain à Chateauvallon, Ollioules (Var) avec une partie de ce programme. Renseignements: www.chateauvallon.com