Avec un peu de retard - mais compiler tous les chiffres prend du temps - le Conseil des ventes vient de rendre son verdict annuel: le marché tricolore des enchères marque le pas, avec un montant global des ventes atteignant en 2007 2,154 milliards d'euros, soit un recul d'un peu moins de 2% par rapport à la période précédente.

"La baisse du produit des ventes doit être analysée en fonction des tendances du marché mondial dont la France reste à l'écart", note le Conseil. En effet, l'une des raisons de la progression des enchères dans le monde est la croissance exponentielle de l'art contemporain - où l'unité de compte est désormais le million de dollars - domaine qui touche très peu le marché français. Autre caractéristique, l'augmentation notable des achats faits par les étrangers: l'exportation des oeuvres d'art se situe aux alentours de 800 millions d'euros. Enfin, si Paris résiste du fait de la présence imposante des maisons de ventes anglo-saxonnes, les places provinciales connaissent un recul jugé préoccupant.

De plus, les enchères sur Internet, concurrence estimée déloyale, grignotent quelques parts de marché, tout comme les ventes de gré à gré - de plus en plus pratiquées par les anciens commissaires-priseurs - ne cessent de progresser, pour avoisiner la somme non négligeable de 1,5 milliard d'euros.

Cette stagnation générale du marché français a pour conséquence un affaiblissement des SVV (sociétés de ventes volontaires) et leur concentration: 3% de ces sociétés réalisent à elles seules 44% des ventes (contre 39% en 2006) alors que dans le même temps, 3% du montant de ces ventes sont réalisées par 42% des SVV (contre 32% en 2006).

Pour limiter cette inexorable érosion - la Chine vient de ravir à la France la troisième place du marché mondial de l'art - le gouvernement entend proposer une réforme, en allégeant les contraintes réglementaires et en favorisant la fiscalité. Les annonces sont attendues d'ici au printemps.