Fatigue électorale

La bataille entre conservateurs et travaillistes sur des détails est une façon de masquer le vide de leurs propositions

L'hebdomadaire The Economist fait un éditorial aujourd'hui sur les élections britanniques, estimant que les "électeurs méritent mieux". On est bien d'accord. Voilà seulement trois jours que la campagne a officiellement débuté. Et déjà, la première fatigue se fait sentir...

La bataille est féroce et se fait autour de la réduction du déficit. C'est normal, cela va nécessairement dominer les prochaines années de l'économie du pays. Mais aucun des trois grands partis ne fait vraiment preuve de transparence sur le sujet. Personne ne veut parler des nécessaires conséquences douloureuses de la baisse des dépenses publiques. A la place, les conservateurs et les travaillistes inventent des réductions sans douleur. Les premiers estiment qu'ils peuvent économiser 12 milliards de livres grâce à des mesures d'économies dès la première années (la moitié étant réalisée dans la santé, un budget qu'ils ont promis de ne pas réduire, la somme y sera réinvestie). Les seconds répliquent qu'une telle décision provoquerait des pertes d'emplois. Faux, répondent les premiers, il ne s'agira que d'un gel des salaires. A force d'annonce et contre-annonce, le plus attentif des observateurs s'y perd. Et cela ressemble plus à du crépage de chignon qu'à un vrai débat.

D'autant qu'il s'agit -presque- de pécadilles. Le déficit cette année est de 167 milliards de livres. Les économies des Tories la première année -6 milliards de livres- représentent 3,6% du total. A peine un début. Pour le reste, les travaillistes affirment qu'ils ne peuvent pas encore dire où réduire le déficit, parce qu'ils attendent la "spending review" prévue à l'automne, qui doit prévoir les dépenses de chaque ministère pour les trois ans à venir. Evidemment, l'exercice a été repoussé à plusieurs reprises, pour ne se dérouler qu'après les élections. Les Tories répliquent qu'ils n'ont pas accès aux détails des dépenses, étant donné qu'ils sont dans l'opposition, et qu'ils ne peuvent donc pas trancher.

Franchement, c'est se moquer des Britanniques. Mais personne ne veut en dire plus, de crainte de faire peur à l'électorat. C'est malheureux. Les partis devraient traiter les Britanniques en adultes.

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