Les conservateurs agitent le spectre du FMI

Pour contrer les libéraux-démocrates, les conservateurs ont choisi de faire peur. Selon eux, une coalition travaillistes - lib-dems signifierait un risque de faillite du pays, nécessitant l'intervention du FMI... Cette stratégie électorale pourrait se retourner contre eux

Les conservateurs agitent le spectre du FMI. Selon eux, si les Britanniques ne votent une large majorité au parlement, la Grande-Bretagne risque de partir à la ruine. Charles Clarke, l'ancien chancelier de l'Echiquier dans les années 1990 et influente personnalité, l'a évoqué ce mercredi matin: "si les Britanniques ne décident pas de donner une majorité fonctionnelle à un gouvernement, et que les marchés pensent que nous ne pouvons pas réduire nos problèmes de dette et déficit, alors le FMI devra le faire pour nous."

En parlant ainsi, il faisait référence à l'intervention du FMI en Grande-Bretagne en 1976, qui est aussi la dernière fois qu'un gouvernement britannique ne bénéficiait pas d'une majorité absolue à la chambre des communes.

Si les conservateurs ont ainsi décidé de faire peur, c'est bien entendu pour contrer les lib-dems. Les sondages de ce mercredi donnent à ces derniers autour de 30% des voix, ce qui priverait les deux autres partis (travaillistes et conservateurs) d'une majorité absolue. Selon les Tories, le système britannique n'est pas fait pour les coalitions et cela paralyserait le gouvernement.

Leur deuxième argument massu contre les lib-dems est que de voter pour eux serait la meilleure façon de conserver Gordon Brown au pouvoir (via une coalition avec le Labour). Je viens de recevoir un email signé William Hague (le ministre fantôme des affaires étrangères) qui ne laisse aucun doute. En gras, il écrit: "un vote pour qui que ce soit d'autre (que les conservateurs) nous laisserait bloqué avec Gordon Brown comme premier ministre - et l'incertitude venant de l'absence de majorité tuerait la reprise économique".

Il est vrai que les lib-dems sont de centre gauche, comme les travaillistes. Une alliance entre les deux serait plus naturelle qu'avec les Tories. Mais Nick Clegg, leur leader, a dénoncé aujourd'hui Gordon Brown comme un "homme politique épuisé". Une telle coalition est encore très incertaine...

Une telle tactique des Tories sent la panique. David Cameron, leur leader, avait promis une "campagne positive". Depuis cinq ans, il tente de moderniser l'image de son parti, de le rendre plus sympathique. Mais jamais les électeurs n'ont été vraiment convaincus. Vouloir faire peur pourrait suffire à renverser la tendance, pour pousser les électeurs à "voter utile". Mais une psychologie de base permet de rappeler que personne n'aime qu'on lui donne des ordres, ou qu'on l'intimide. Hurler au loup pourrait se retourner contre David Cameron.

 

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