Profit volcanique

Comment les gérants ont profité de l'éruption du volcan islandais en moins de temps qu'il n'en faut pour dire Eyjafjallajökull

(Ceci est la reproduction de la Chronique de la City, que je publie tous les samedis dans La Tribune numérique)

Si vous étiez bloqués dans un hall d'aéroport lugubre pendant cinq jours à attendre qu'un avion veuille bien décoller, consolez en vous disant que d'autres se frottaient les mains.

La gestion de fonds étant un savant métier, nos amis les financiers se sont rués sur les soubresauts de la croûte terrestre pour encaisser des bénéfices sonnant et trébuchant en moins de temps qu'il n'en faut pour dire Eyjafjallajökull (à ce sujet, lisez l'hilarant article sur la prononciation de ce nom dans un article de The Independent).

11000 milliards de dollars d'encours

Une étude de DataExplorers, qui traque les mouvements de 11000 milliards de dollars d'encours détenus par 150 institutions, donne un bon résumé de la réaction des marchés.

Sur les 54 actions sélectionnées par l'étude ?celles qui ont le plus réagi au nuage de cendres- le short-selling (achats à découvert) a fait un bond de 12% pendant les cinq jours ouvrés qu'a duré la crise.

Pas de vraie surprise de ce côté : les hedge funds se sont rués vers les compagnies aériennes, tandis que les fonds traditionnels (« long only ») y ont retiré une partie de leurs investissements. EasyJet, Lufthansa et British Airways ont été les plus touchées.

A ce petit jeu, Air France semble avoir été relativement épargné, les achats à découvert ayant même baissé sur la compagnie française pendant la crise. « Ils étaient beaucoup plus efficaces, rapatriant des gens de New York vers Madrid, tandis que British Airways semblait complètement inefficace », explique Will Duff Gordon, de Data Explorers.

British Airways à la baisse

Et sur British Airways, attention à la retombée des cendres ! Les investisseurs ont un sentiment tellement négatif sur la compagnie aérienne que 96% des actions qui peuvent y être empruntés le sont. En clair, les gérants ont tous joué la compagnie britannique à la baisse.

Problème : ils vont tous devoir défaire leur position en même temps, et risquent de faire grimper l'action au moment même où ils ont besoin d'une baisse. C'est ce qui s'appelle se brûler les ailes...

Dans la même logique, les gérants se sont précipités vers les entreprises de voiture de location (Sixt et Hertz notamment), et vers Eurotunnel, qui a naturellement vu ses passagers augmenter. Accor a également bénéficié du volcan, ses hôtels faisant le plein pendant la crise.

Short selling

Plus étonnant, une entreprise comme BSkyB, le réseau satellite britannique, a connu une bonne progression. Pendant la crise, les Britanniques se sont rués vers sa chaîne d'informations continues et cela a fait venir de la publicité. Inversement, les investisseurs se sont éloignés de la compagnie pharmaceutique Astrazeneca. Explication : certains de ses médicaments ont une faible durée de vie et doivent être transportés en avions.

La leçon de tout ça ? Les gérants ne maîtrisent pas toujours les explosions. Seules trois des dix actions les plus été empruntées pendant ces cinq jours ont vu leur cours baisser. Les plus malins auront emprunté le titre dès jeudi de la semaine dernière, le revendant à temps lundi. Les autres se seront faits avoir, les prix ayant remonté dès mardi, annulant l'espoir d'empocher une plus-value volcanique.

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