La livre sterling sur de la nitroglycérine

(Ceci est la reproduction de la Chronique de la City, publiée dans La Tribune numérique du samedi)

Preuve de l'importance de l'élection britannique, une bonne partie de la City est restée réveillée dans la nuit de jeudi à vendredi, pour surveiller les résultats. Le Liffe (marché des produits dérivés) a même ouvert exceptionnellement à une heure du matin pour trois de ses produits futurs, notamment sur la livre sterling.

Les golden-boys redoutaient un scénario, celui de l'incertitude complète, et c'est justement ce qu'il s'est produit. Aucune majorité ne se dégage. Cela signifie qu'il sera difficile au prochain gouvernement de prendre des décisions dures et rapides sur le déficit.

Des questions, pas de réponse

« L'élection a apporté plein de questions alors que le besoin impératif national (et celui des marchés) était d'avoir des réponses », estime Tim Morgan, directeur de la recherche de Tullett Prebon, une société de courtage.

Et il ajoute, inquiétant : « la livre sterling est sur de la nitroglycérine ? mais qui tient la mèche ? »

Gordon Brown, dans une déclaration en milieu de journée, a quasiment jeté de l'huile sur le feu, soulignant les risques de la Grèce et de la zone euro pour faire valoir qu'un gouvernement fort était nécessaire.

Le pire n'est pas certain

Ted Scott, directeur de la stratégie de F&C, une société de gestion, renchérit : « le résultat de l'élection va probablement créer plus d'incertitude au moment où nous en avions le moins besoin. Les hésitations des leaders des différents pays de l'eurozone et de la banque centrale européenne ont été un facteur majeur de l'empirement de la crise de dette souveraine et nous ne voulons pas répéter cela au Royaume-Uni. »

Pour autant, le pire est loin d'être certain. La monnaie britannique a effectivement dérapé dans la matinée de vendredi. Mais après avoir perdu 4 cents face au dollars (3% de recul), elle s'est reprise.

Et si les traders sont restés réveillés dans la nuit de jeudi à vendredi, les volumes sur le Liffe ont été plutôt faibles (environ 10% d'une journée normale pendant la nuit sur les contrats futurs de la livre sterling).

Des décisions fortes ?

Certains politologues se veulent d'ailleurs rassurants. « Il est possible que le prochain gouvernement puisse prendre des décisions fortes, estime Rodney Barker, de la London School of Economics. Les libéraux-démocrates (troisième parti, avec qui les négociations d'une possible coalition sont menés, Ndlr) sont ceux qui influenceront les décisions. Or, ce sont ceux qui ont pris le plus au sérieux la crise bancaire et le déficit. » Autrement dit, sur les décisions qui comptent, un accord entre les différents partis est envisageable.

Autre argument rassurant, selon Richard Buxton, de Schroders, une société de gestion : « l'élection est une déception pour les marchés mais la livre sterling est déjà basse. »

Le problème cependant est la durée de la crise politique. Le nouveau parlement britannique ne se réunira pas avant 12 jours ouvrés. Pour des spéculateurs avides, c'est plus de temps qu'il ne leur en faut pour allumer la mèche de la nitroglycérine.

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