Pourquoi David Cameron ne lâchera pas la City

La City représente 11% des recettes fiscales du pays. Plus que celles de la mer du Nord, ou du secteur de la distribution. Pas étonnant que le gouvernement ne soit pas près de la lâcher.
Canary Wharf, le quartier d'affaires à l'est de Londres

Lisez bien ces statistiques, elles en disent long. Les services financiers britanniques ont rapporté 53,4 milliards de livres (63 milliards d'euros) de recettes fiscales l'an dernier (avril 2009/mars 2010), selon un rapport passionnant publié ce jeudi par la City of London Corporation. C'est 11% de l'ensemble des recettes fiscales britanniques.

Certes, c'est une baisse de 13% par rapport à l'année précédente, et de 21% par rapport à 2007 (il n'y a pas eu d'étude en 2008). Mais ce recul est un effet logique de la crise : si celle-ci a commencé en 2008, son impact sur les revenus des entreprises financières s'est surtout fait sentir en 2009, c'est-à-dire la dernière année fiscale. Les recettes devraient donc augmenter l'année prochaine. Précisons enfin que ces chiffres comprennent l'ensemble des recettes fiscales de la finance, y compris l'impôt sur les revenus payé par les banquiers, ou encore les charges sociales.

Derrière ces chiffres se cachent une vérité fondamentale de l'économie britannique : les recettes fiscales du pays sont plus importantes que celles du secteur de la distribution, dans ce « pays de commerçants » pourtant obsédé par la consommation. C'est plus aussi que les revenus du pétrole de la mer du Nord. Et c'est plus, faut-il le préciser, que le secteur manufacturier. Tout ça pour un secteur qui emploie seulement un million de personnes, soit seulement 3,5% de la main d'?uvre britannique.

Plus que l'économie britannique, c'est donc surtout le gouvernement britannique qui est profondément dépendant de la City. Pour redresser les comptes publics, David Cameron n'a pas le choix : il a besoin du centre financier. Cela explique sans doute le discret changement de ton du gouvernement britannique depuis quelques mois, qui s'attaque de moins en moins aux banquiers. Cela explique aussi le ton assez agressif des députés britanniques quand ils ont reçu cette semaine Michel Barnier, le commissaire européen en charge de la finance. Pour eux, l'Europe et ses directives sont de vraies menaces. La City n'a sans doute pas de grands soucis : le gouvernement britannique la soutient.

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