L'irresistible étendue de l'empire Murdoch

Rupert Murdoch a désormais l'autorisation de racheter tout le bouquet satellite BSkyB (dont il a déjà 39%). Ses opposants sont horrifiés.
Rupert Murdoch domine plus que jamais le Royaume-Uni

Rupert Murdoch a l'habitude qu'on ne lui résiste pas, et cette fois-ci encore, il a gagné. Après des négociations serrées avec le gouvernement britannique, il a obtenu jeudi le feu vert pour acheter l'intégralité de BSkyB, dont il possède déjà 39% (pour être exact, la décision du gouvernement britannique est sujette à 15 jours de consultation, mais cela ne devrait pas apporter de différence). Le magnat américano-australien, qui dominait déjà largement le paysage médiatique britannique, accroît ainsi un peu plus son emprise, augmentant inéluctablement son omnipotence sur le Royaume-Uni.

Pourquoi donc Rupert Murdoch veut-il mettre la main sur l'intégralité du bouquet satellite BSkyB? Pour le faire, il va devoir débourser autour de 10 milliards d'euros, ce qui même pour lui est une énorme somme. La réponse est en grande partie financière: BSkyB, avec ses 10 millions d'abonnés -attirés par les retransmissions de football, ou encore les films- est une formidable pompe à cash (les chiffres de BSkyB sont ici). L'an dernier, elle a dégagé un bénéfice net d'un milliard d'euros. 

Mais il existe une autre explication, plus inquiétante pour les médias britanniques. Rupert Murdoch, via News Corp., possède déjà le Times et le Sun, deux des principaux quotidiens du pays. En fusionnant News Corp. et BSkyB, il forme une énorme machine dont le chiffre d'affaires britannique sera plus du double de son principal concurrent, la BBC. Ses concurrents -le Guardian, le Daily Telegraph, mais aussi BT- craignent cette énorme puissance. Il s'inquiètent: les droits de football de BSkyB vont-ils pouvoir être utilisés sur les sites internet du Times? Les abonnements au Sun seront-ils vendus ensemble avec l'inscription à BSkyB?

Pour limiter cet impact, le gouvernement a ordonné à Rupert Murdoch de se séparer -partiellement- de Sky News, la chaîne d'informations continues. Celle-ci sera introduite en bourse, et News Corp. n'en possédera que 39% (comme c'est le cas aujourd'hui). De plus, un conseil d'administration sera chargé d'en garantir l'indépendance. En gros, Sky News ne pourra ainsi pas être transformée en Fox News, la chaîne possédée par Murdoch aux Etats-Unis.

Mais tout cela n'a guère d'importance pour Murdoch. La loi britannique ordonne la neutralité politique des télévisions, rendant impossible de faire du Fox News. Et si Rupert Murdoch avait voulu faire cela, il aurait pu le faire depuis longtemps. En revanche, la fusion entre les deux parties de son empire britannique ouvre la possibilité à de nombreuses synergies.

Soyons honnêtes: certaines de ces synergies existaient déjà. Sky News fournit depuis plus de deux ans des vidéos au site internet du Times, par exemple. Mais l'évidente motivation de Rupert Murdoch -et de son fils James, qui dirige News Corp en Europe- de réussir cette acquisition en dit long sur la valeur qu'ils voient dans ce rapprochement. Plus que jamais, l'ombre des Murdoch -père et fils- plane sur le Royaume-Uni.

 

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