Au Royaume-Uni, la Banque d'Angleterre résiste au QE2

La Banque d'Angleterre vient de garder son taux d'intérêt à 0,5%, mais se refuse pour l'instant à lancer un nouveau programme de desserrement monétaire, dit QE2, malgré les pressions grandissantes.
La banque d'Angleterre, au centre de la City - Copyright Reuters

Pour le 30ème mois de suite, la banque d'Angleterre a maintenu son taux d'intérêt directeur au plancher, à 0,5%, lors de la réunion de septembre de son comité monétaire, dont le résultat a été annoncé ce jeudi midi. Elle résiste cependant pour l'instant à l'idée d'une nouvelle vague de desserrement monétaire quantitatif, dit "QE2" (quantitative easing 2). Son programme d'achat de bonds du Trésor britanniques, lancé en 2009, reste inchangé à 200 milliards de livres (225 milliards d'euros).

Pourtant, la balance est doucement en train de pencher en faveur de cette solution. Il y a encore un mois, deux membres du comité monétaire envisageaient une hausse des taux, inquiets de l'inflation. A 4,4%, celle-ci demeure très loin de l'objectif officiel de 2%. Aujourd'hui, plus aucun des neuf membres ne plaide pour une hausse.

L'idée de relancer un programme d'achat de bonds du Trésor a en revanche refait surface. Un groupe patronal influent, l'Institute of Directors, est sorti de sa réserve aujourd'hui, décidant d'appeler à un plan supplémentaire de 50 milliards de livres (57 milliards d'euros). « Il est temps de lancer QE2 », estime Graeme Leach, son économiste en chef. Selon lui, le ralentissement de cet été nécessite d'agir rapidement. Il estime la reprise trop fragile, alors que le grand plan d'austérité du gouvernement Cameron est en cours. De plus, il craint les conséquences de la tempête dans la zone euro : « cela réduit la confiance des entreprises et repousse les projets d'investissement. Etant donné la faiblesse de la reprise jusqu'à présent, la confiance des consommateurs et des entreprises pourrait être ce qui nous fait replonger en récession. »

Le spectre d'un « double dip » est en effet de plus en plus réel. Au deuxième trimestre, la croissance n'a été que de 0,2% au Royaume-Uni. Divers instituts estiment que celle du troisième trimestre n'a pas dû dépasser 0,3%-0,4%. George Osborne, le chancelier de l'Echiquier, a donc été forcé de reconnaître en début de semaine que la prévision officielle de croissance de 1,7% pour 2011 devra être abaissée. Il ne dit pas exactement à combien, et le gouvernement ne publiera pas sa nouvelle prévision avant novembre, mais cela devrait tourner autour de la moyenne actuelle des économistes, à1,3%. « La reprise sera un chemin long et cabossé », estime Fionnuala Earley, économiste à Royal Bank of Scotland.

Dans ces conditions, la banque d'Angleterre est sous pression. Mais les jeux ne sont pas encore faits. Le CBI, la principale organisation patronale, estime « qu'il n'est pas certain qu'une action (de politique monétaire) soit nécessaire ». La croissance est faible, mais elle demeure positive. Dans le même temps, l'inflation est élevée. Enfin, et surtout, l'efficacité du QE2 est loin d'être certaine : la banque d'Angleterre elle-même n'est pas certaine des effets concrets que QE1 a eu, et doit donner une conférence sur le sujet en novembre.

Seule certitude dans ce débat : le taux d'intérêt à 0,5% n'est pas prêt d'augmenter. Howard Archer, économiste à HIS Global Insight, pense qu'il restera à ce niveau jusqu'en... 2013.

 

 

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