Jonathan Azoulay, le chasseur de têtes... connectées

À 34 ans, le fondateur d'Urban Linker aide les start-up à trouver des collaborateurs dans les métiers du numérique. Son ambition : créer un réseau européen pour faciliter la mobilité des experts du digital.
Jonathan Azoulay, Urban Linker. / DR

Créer un Erasmus dédié aux professionnels du numérique pour favoriser l'échange des compétences entre les start-up européennes, à l'instar du célèbre programme interuniversités. Jonathan Azoulay, le fondateur d'Urban Linker, affiche ses ambitions.

Après Paris, Lyon et Marseille, il explore depuis octobre dernier le marché de l'emploi numérique à Berlin, et prévoit d'aborder dans les deux ans le Royaume-Uni et les pays de l'Est. L'entrepreneur de 34 ans dirige une équipe de 20 consultants basée à Paris, qui s'emploie à sensibiliser les start-up aux problématiques de ressources humaines et à mettre en relation les jeunes pousses qui recrutent avec les meilleurs candidats, qu'ils soient développeurs, commerciaux ou spécialistes de l'acquisition de trafic.

« Nous bouclerons notre exercice annuel fin juin sur un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros, en croissance de 100% par rapport à l'exercice précédent », s'enorgueillit Jonathan Azoulay, convaincu que l'essor mondial du numérique dopera encore son activité dans les prochaines années.

Ce secteur, il l'a découvert sur le tard. C'est d'abord vers les sciences qu'il a porté son intérêt. Mais, « peu séduit par le modèle d'enseignement à l'université », cet adepte de wakeboard et de kitesurf choisit d'abandonner sa formation en master pour créer une première entreprise, en 2003, pour distribuer en France les maillots de bain d'une marque de surf américaine. Mais le projet tombe à l'eau dès sa première année.

« Je m'étais lancé plein d'enthousiasme... et d'inconscience. Cette expérience m'a permis de réaliser qu'il manquait alors un certain nombre de cordes à mon arc d'entrepreneur, notamment commerciales. »

Un ami le convainc alors de le rejoindre au sein d'un cabinet de recrutement britannique, où il entre en tant que stagiaire, bien décidé à s'aguerrir en gestion de projet. Déterminé à faire ses preuves, il se plie à une organisation du travail qui ne lui plaît guère, et à des valeurs qu'il ne partage pas.

Une abnégation couronnée de succès

En trois ans, il gravit les échelons jusqu'à devenir responsable de l'un des pôles de la société et manager d'une équipe de dix personnes. Mais quand son employeur lui propose de prendre davantage de responsabilités au sein de la structure, il préfère mettre les voiles.

« Un matin, je me suis senti prêt à entreprendre à nouveau. Je suis parti voyager, en Asie et en Amérique latine notamment, le temps de mûrir mon projet : allier mon expertise en ressources humaines aux valeurs de l'écosystème des start-up, qui prône un management par l'épanouissement et la polyvalence », confie cet esprit libre au caractère affirmé.

En février 2009, il fonde Urban Linker dans un petit bureau en sous-sol, avec l'appui d'un business angel et un premier salarié.

« La première année d'activité a été consacrée à comprendre le marché. Nous n'avions aucune base de données de recrutement, aucune base clients et aucun contact dans le Web. Pour démarcher des start-up, nous appelions le service client et nous demandions à parler au directeur général. C'est ainsi que nous avons signé notre premier contrat, avec Bazarchic, qui cherchait un développeur », se souvient Jonathan Azoulay. Il confie la réalisation de sa plate-forme à son père, informaticien dans de grandes entreprises.

Depuis, Richard Azoulay est officiellement le directeur technique d'Urban Linker :

« C'est très naturellement que je l'ai épaulé dès sa première entreprise, en réalisant un logiciel de ventes. Avec Urban Linker, je ne sais pas jusqu'où il ira, mais sa réussite rapide est déjà impressionnante. »

Aujourd'hui, Jonathan Azoulay occupe de vastes locaux dans le 10e arrondissement de Paris, à deux pas des Grands Boulevards, et loue quelques bureaux à d'autres start-up, dont La Petite Étoile. Margaux Derhy, la fondatrice de cette agence de conseil en communication spécialisée dans les business plans, a accompagné Jonathan Azoulay quand il a donné sa première conférence, au Camping, il y a deux ans.

« Jonathan m'avait demandé d'évaluer sa présentation. J'ai été dure dans mes commentaires, qu'il a écoutés en prenant des notes. Dès la conférence suivante, il avait corrigé tous les défauts que j'avais soulignés. »

Depuis, Jonathan Azoulay enchaîne les prises de parole pour sensibiliser les start-up à l'importance stratégique des ressources humaines : chez Google en tant que membre actif de France Digitale, et au sein des incubateurs et des accélérateurs, comme The Family, où il a investi.

« La plupart des start-up ne savent pas se vendre auprès des candidats, ni définir les profils adaptés à leurs besoins et à leur croissance future. »

Sa propre expérience

« En 2012, l'organisation de l'équipe ne convenait plus. Nous avons dû restructurer pour pouvoir grandir mieux. »

Il a notamment créé un poste de « Human Ressources Evangelist », qu'il a confié à l'un de ses plus anciens collaborateurs, Clément Lécuyer, arrivé chez Urban Linker en 2011 pour un stage.

« Jonathan porte des baskets aux pieds, mais il est très pro. Il sait transmettre sa vision en s'adaptant aux motivations de chaque membre de l'équipe, et créer une cohésion en nous emmenant traverser le désert ou faire des activités nautiques, à Marrakech ou à Las Vegas. »

« Jonathan a une grande capacité à fédérer par l'enthousiasme. Adolescent, déjà, il avait été animateur et directeur au sein d'un mouvement de jeunesse. Il s'exprime toujours de façon très directe, ce qui peut être déstabilisant », note Johann Lévy, son avocat et ami.

Observateur et attentionné, Jonathan Azoulay peut aussi se montrer exigeant, obstiné et impatient.

« Mes collaborateurs doivent capter mon attention dans les vingt premières secondes de leur présentation, sinon je décroche », confesse-t-il sans concession.

« Et je suis réfractaire à l'autorité. Étant très attaché à ma liberté de décision, je ne suis pas pressé de faire entrer un investisseur au capital, même si cela peut accélérer notre développement, qui est autofinancé. »

Sauf à trouver le bon profil.

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>>> MODE D'EMPLOI

Où le rencontrer ? : « On me croise sur tous les réseaux sociaux et à Paris. Je fréquente le café Le Progrès, rue de Bretagne, et nous prenons un verre chaque semaine avec l'équipe d'Urban Linker à L'Inconnu, dans le 10e arrondissement. Au moment du déjeuner, je m'attable régulièrement devant un burger au Paris-New York. »

Comment l'aborder ?: « Tout ce qui est en relation avec l'entrepreneuriat digital m'intéresse. Faites-moi comprendre votre problématique en étant sincère et concret. »

À éviter ! : Le "bullshit". « Je suis très réceptif aux ondes que renvoient mes interlocuteurs, et il me suffit de deux minutes pour identifier ceux qui enjolivent et ceux qui parlent sans agir. »


>>> TIMELINE

  • Septembre 1980 Naissance à Nice.
  • 2003 Abandonne un master en sciences à la Faculté de Nice pour entreprendre.
  • 2005 Devient consultant en ressources humaines.
  • 2008 Refuse un poste de directeur et part faire le tour du monde.
  • 2009 Fonde Urban Linker.
  • 2013 Business angel (Jobaroundme, Fleex et Clustree).
  • 2014 Lance son service à Berlin.
  • 2016 Urban Linker est devenu le référent européen du recrutement des talents du numérique.  

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Commentaires 5
à écrit le 14/08/2014 à 17:41
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Oui, mais est ce les start-up peuvent se permettre de faire appel à un chasseur de tête? On va dire que c'est un investissement car en recrutant le profil idéal l'entreprise va rapidement se développer mais l'autre petit start-up lui va perdre un me...

à écrit le 20/06/2014 à 17:50
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"2016 Urban Linker est devenu le référent européen du recrutement des talents du numérique. " Sérieux ? les chevilles enflent pas trop ? Vous arrivez encore à passer les portes ?

le 21/06/2014 à 23:52
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La jalousie est une émotion secondaire et représente des pensées et sentiments négatifs d'insécurité, de peur et d'anxiété concernant une perte anticipée de valeurs personnelles qu'un individu perçoit. Si les symptomes persistent, veuillez consul...

le 22/06/2014 à 16:50
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on dirait une parodie ce portrait

le 25/12/2014 à 17:39
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vous entrez quand en bourse :) ?

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