Rares sont les annonces d?opérations de croissance externe qui font l?unanimité auprès de la communauté financière en période de flou conjoncturel. Surtout lorsque l?investissement porte sur des montants significatifs. Pourtant, les opérateurs ont manifestement accordé le bénéfice du doute à Rhodia. Le chimiste de spécialités a suscité un certain enthousiasme en dévoilant son projet d?acquérir 87,5% du capital du chinois Feixiang Chemicals présent dans les tensioactifs et les amines pour un montant de 428 millions d?euros. Soit l?équivalent de plus d?un quart de sa capitalisation boursière actuelle. Au total, la cible est valorisée 489 millions d?euros, ce qui représente environ 9 fois sa marge brute d?exploitation attendue cette année. L?opération permettra à Rhodia d?intégrer le portefeuille de Feixiang Chemicals à ses activités Novecare qui représentent 20% de son chiffre d?affaires et comportent de nombreuses applications dans les domaines des détergents des cosmétiques ou encore de l?agrochimie.
On peut s?interroger sur l?ampleur du risque financier encouru par le groupe dans le cadre de ce rachat. Avec des fonds propres négatifs à hauteur de 720 millions d?euros et une dette nette de plus de 1 milliard d?euros à fin 2009, la situation de bilan est déjà tendue. Mais mieux vaut parfois se montrer proactif quitte à alourdir ses engagements plutôt que de laisser filer des parts de marché à la concurrence. Rhodia a visiblement opté pour ce choix qui lui permettra d?absorber des revenus en progression de 20% par an tout en développant d?importantes synergies commerciales. Il s?agit également là d?une occasion inespérée pour le groupe de prouver au marché que son avenir ne tient pas qu?à l?évolution tarifaire et réglementaire des certificats carbone, son principal gisement de cash aujourd?hui.
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