Carnet de bord décalé : LVM...clasH

Un regard oblique sur l'actualité économique et financière de la semaine. Chaque jour, un fait ou un chiffre saillant.

Chaque semaine, le carnet de bord décalé des marchés.

Lundi 25 Oct. LVM?clasH
Bernard Arnault est féru de mythologie grecque. Dans ses rêves les plus fous, il se voit gravir le Mont Olympe en costume drapé, chaussés d?une paire de « Berlutti » ailées. Une sorte de version moderne et décalée d?Hermès, le messager des Dieux. En l?occurrence, le grand manitou du luxe est porteur d?une grande nouvelle. Tout sourire, le patron de LVMH annonce, sans ciller, détenir 17,1% du tour de table du célèbre maroquinier portant le même nom que son idole. Et cela au vu et au su du marché et de la famille fondatrice. L?information fait l?effet d?une bombe. Au sein de la structure en commandite assaillie, les esprits s?offusquent. Ni les principaux concernés, ni même la sacro-sainte Autorité des Marchés Financiers n?ont été, jusque-là, été informés de cette montée à la hussarde. Mais, l?homme d?affaires a plus d?un tour dans son sac Kelly. Et les failles réglementaires de l?AMF ressemblent à s?y méprendre à celle de San Andreas. En définitive, Bernard Arnault n?a eu qu?à, d?un côté, ramasser des titres sur le marché en veillant à rester en dessous du fameux seuil des 5% du capital, et de l?autre, souscrire des contrats d?options sur le solde avec plusieurs intermédiaires financiers, pour éviter toute forme de déclaration. Avec en prime un prix de revient par titre inférieur de 120 euros au cours de l?action Hermès. En somme, un pied de nez au commun des mortels ?

Mardi 26. Lakshmi figue, mi raisin
« Monsieur et Madame Figuemiraisin ont un fils, comment s?appelle-t-il ? Lakshmi ! Parce que Lakshmi figue, mi raisin ? ». Il y avait aussi celle de monsieur et madame « Lespiedsdansleplat » mais ils sont un peu pointilleux sur la conjugaison dans les salles de marché. Il n?empêche, la blague du jour revient à ArcelorMittal qui anticipe un quatrième trimestre bien en deçà des attentes en raison d?une demande anémiée et de prix en baisse. D?où le fait que son patron, Lakshmi soit ? Oui, on ne va pas la refaire. D?autant que les investisseurs n?aiment que moyennement le comique de répétition. Eux qui s?étaient laissés bercer depuis quinze jours par une vague de relèvements d?objectifs pour 2010. Moins de trois mois avant de la clôture des comptes ? Il fallait être naïf pour s'enthousiasmer ! Mais cela n?a effrayé personne. Tout le monde a continué de miser sur les cycliques. Ce, alors que les perspectives de croissance n?ont jamais été aussi bouchées. Au moins avec ArcelorMittal c?est du concret. Ses prévisions, ce sont de vrais indicateurs avancés. Le signe que c?est peut-être le moment de changer de registre. De se porter enfin sur des valeurs plus défensives ? Quoi que, le retour en grâce des défensives, c?est une blague qui tourne en boucle depuis un an et demi dans les salles de marché.

Mercredi 27. Quantitative healing
« Je vois, je vois de la croissance. Je vois une croissance à plus de 4 %. Je vois aussi ? de l?inflation ! Oui de l?inflation naissante avec la croissance retrouvée» prédit Bernanke, travesti en madame Irma, boucle aux oreilles, foulard fleuri sur le crâne et mains planant au-dessus d?une boule de cristal. « Oui mais quand ? » s?impatiente Obama de l?autre côté de la table. « Ah, cela je ne peux pas te le dire. Ce que je sais, c?est qu?il faut émettre des obligations indexées sur l?inflation. Peu importe si le rendement est négatif. L?important c?est de rassurer ». Décidément, la Fed joue à fond la carte placebo cette semaine. Le problème c?est qu?une émission de 10 milliards de dollars de TIPS à 5 ans, c?est technique et cela ne convainc personne. Tout comme les préliminaires de quantitative easing (Q.E. 2.0). En définitive, les marchés américains ont seulement retenu que ce n?était pas la joie conjoncturelle en ce moment. Ne sachant plus quoi faire pour remonter le moral des troupes, Ben se fend d?une indiscrétion au Wall Street Journal selon lequel le dispositif de Q.E. 2.0 sera nettement moins important. [En crypté] « La situation n?est pas si désespérée que cela ». Sur un malentendu cela peut faire bouger les marchés ? Même pas. Qu?importe la semaine prochaine, il a déjà prévu de reprendre Marvin Gay devant les marchés, en chantant « Quantitative healing ».

 

Jeudi 28. Allô rendement
La cote d?impopularité des actions a atteint des sommets. Moins d?un point de vue absolu que relatif. Cela fait certes déjà plus d?un an et demi que les indices boursiers ont touché le fond sur le Vieux Continent comme sur les terres de l?Oncle Sam, et se sont, depuis, offerts, un tour de parachute ascensionnel. L?envolée a beau être spectaculaire, elle n?empêche pas au compartiment des actions d?être réduit à son plus simple appareil face à d?autres types de placements. Comme par exemple, le marché de la dette. Jamais les écarts entre le taux des emprunts d?états et les rendements des actions n?auront été aussi élevés. Membre du cercle des parias du CAC40, France Telecom offre des perspectives de rémunération correspondant à plus de 8% de son cours de Bourse. Soit 500 points de base de plus que ce que l?Etat français devrait payer en intérêts annuels en cas de nouvelle émission obligataire sur 10 ans. Rien que ça ! Les traders réalisent l?absurdité de la situation et ne comptent pas passer à côté de cette opportunité de rente. Qu?importe le sort du titre dans les prochains mois, ce sera au moins ça de gagner !

Vendredi 29. Halloween
Outre-Atlantique, Halloween c?est sacré. Ça se prépare à l?avance. Cette année, Washington s?y est pris de bonheur pour préparer l?Halloween économique. Trois mois que chacun y va de sa déclaration, sa petite phrase, son intervention ? Croissance molle ? Ralentie ? Incurvée ? Anémiée ? Sclérosée ? En racine carrée ? ? Mais surtout «redipée » ou pas «redipée» ? Ouuuuuh ? Tout le monde a peur. Forcément ! Le grand jour est finalement arrivé. Roulements de tambours. La tête du PIB sur le troisième trimestre n?est finalement pas si effrayante que cela. La croissance a été de 2 % sur la période. Bon, tout cela est un peu déguisé. Précisément puisque c?est Halloween ! Dixit, le Département du commerce américain cette croissance reflète surtout une nette décélération des importations et une accélération de la production stockée. Mais l?essentiel, à savoir l?investissement des ménages, des entreprises ainsi que les exportations, sont bel et bien squelettiques. La fête tombe bien pour les élections de mi-mandat mais ne sera pas forcément salutaire à quatre jours du scrutin. En tout cas, même si la consommation des ménages repart un peu de l?avant, pas de quoi réveiller les marchés. A trop anticiper, il n?y a plus d?effet de surprise ?

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