Après une semaine dernière déjà difficile, le mouvement de correction s?est poursuivi sur les marchés. A la Bourse de Paris, la perte de confiance des investisseurs a fait retomber le CAC 40 sur les 3.700 points, un seuil que l?indice a même enfoncé lors de la séance de jeudi. Au terme de la semaine, le CAC 40 affiche un repli de 2,1%, seulement limité par une séance de rebond vendredi.

Avec un consensus très positif en début d?année, les différents facteurs d?inquiétudes ont d?autant plus pesé sur le marché. Comme la semaine précédente, la perspective de règles plus strictes gouvernant la sphère financière, que ce soit selon les propositions d?Obama ou du comité de Bâle et la restriction du crédit en Chine ont continué de semer le doute.

Cette semaine se sont ajoutées les incertitudes concernant la reconduction du Ben Bernanke à la tête de la Réserve fédérale américaine (confirmée finalement jeudi soir) et surtout le retour des inquiétude sur la Grèce. Avec une question pour les investisseurs : dans quelle mesure les pays européens vont-il venir au secours de leur voisin grec ?

Des informations du "Monde" évoquaient jeudi un plan de soutien préparé par la France et l?Allemagne, qui ont tous deux démenti. Mais la spéculation est allée bon train, d?autant plus que l?Espagne et le Portugal pourraient aussi poser problème. Dans la foulée, ces interrogations ont largement affaibli la monnaie européenne, l?euro s?échangeant à moins de 1,39 dollar.

Prépondérance de la macroéconomie

Pour Philippe de Vandière, analyste chez IG Markets, la correction du marché n?est cependant pas inquiétante. "Il s?agit surtout d?un mouvement de rationalisation des marchés. Dans la mesure où le CAC 40 a progressé de 22% en 2009, alors que l?on attendait 15%, les investisseurs procèdent à un petit réajustement". L?analyste reste néanmoins prudent à court terme en raison des incertitudes macroéconomiques entourant les annonces évasives d?Obama sur la réglementation financière et la restriction du crédit en Chine.

"Les nouvelles macroéconomiques ont occulté tous les bons résultats d?entreprises publiés cette semaine. Elles continueront à être prépondérantes encore tant que les mesures avancées par Barack Obama ne seront pas éclaircies. Toutefois, les résultats permettent de donner une indication aux marchés sur le moyen terme".

Parmi les secteurs à suivre, les valeurs médias ont été particulièrement recherchées. Havas affiche ainsi la meilleure performance du SBF 120 sur la semaine (+6%). M6 et JCDecaux, qui publiaient leur chiffre d?affaires, grimpent respectivement de 4% et de 1,3%.

A l?inverse, les valeurs industrielles ont encore souffert, notamment ArcelorMittal. Le titre du sidérurgiste a dégringolé de 6%, signant le plus fort repli hebdomadaire du CAC 40, en raison d?inquiétudes pour la demande chinoise en acier. Depuis le début de l?année, l?action a décroché de 11,48% quand le CAC 40 recule de 5%.

A l?exception de Dexia (+0,6%), le secteur financier s?affiche de nouveau dans le rouge. Si Société Générale limite son repli à 0,55% sur la semaine, la valeur signe toujours la plus forte baisse du CAC 40 depuis le début de l?année (-13,8%). BNP Paribas recule pour sa part de 0,8% et Crédit Agricole de 3,5%.

De fait, les arbitrages du marché sont de nouveau allés en faveur du secteur défensif. Unibail-Rodamco réalise la meilleure performance de l?indice avec un gain de 1,85%, Technip prend 1,7%, LVMH et PPR progressent de 1,67% et de 0,77%.

Premiers pas en Bourse de Rusal

De son côté, STMicroelectronics se replie de 1,3% au terme d?une semaine chargée pour le fabricant de semi-conducteurs. Si l?annonce de ses résultats a été sanctionnée par le marché, la valeur profite tout de même d?un contexte positif pour le secteur. Le premier sous-traitant mondial des semi-conducteurs TSMC a publié de bonnes performances, tandis que Nokia lançait un signal positif pour les équipementiers télécoms avec des résultats bien meilleurs que prévu.

La semaine était décisive aussi pour Thomson (-3,1%) qui tenait mercredi une assemblée générale extraordinaire à l?issue de laquelle les actionnaires ont donné leur accord pour le plan de sauvegarde et le changement de nom du groupe en Technicolor.

Parmi les publications de chiffres d?affaires cette semaine, Bénéteau a retenu l?attention. Le titre du fabricant de bateaux grimpe de 4,4% sur la semaine. Le groupe a fait état de perspectives positives avec un retour aux bénéfices pour cette année.

Enfin, cette semaine marquait aussi les premiers pas en Bourse, difficiles, de Rusal à la fois sur la place parisienne et celle de Hong Kong. Le leader mondial des matières premières s?est introduit sur un compartiment professionnel d?Euronext Paris sur une note d?abord mitigée (-1% sur la première séance) mais progresse de 3% sur les trois derniers jours.