Très convoitées, les biotechs conservent un profil très risqué

Recherché pour ses perspectives de croissance et son intérêt spéculatif, le secteur reste attractif, à condition de savoir séparer le bon grain de l'ivraie.

Considérées comme le nouvel Eldorado d'une industrie pharmaceutique vieillissante, les sociétés de biotechnologie traînent en Bourse une image sulfureuse de valeurs volatiles par excellence. L'effondrement du titre Nicox, après l'échec, en mai, de son médicament phare, le Naproxcinod, aux États-Unis, a encore accentué cette défiance. La complexité du secteur est renforcée par sa grande hétérogénéité. À côté des géants américains comme Gilead, Amgen ou Biogen, on trouve plusieurs centaines de start-up de recherche qui ne génèrent encore aucun revenu.

Pourtant, « la biotechnologie, parce qu'elle développe des médicaments innovants, est moins exposée aux pressions sur les prix des autorités de santé. En cas de succès, la marge brute atteint 80 à 85 % » détaille Rudi Van den Eynde, gérant d'actifs chez Dexia AM. Un attrait renforcé par l'intérêt croissant des grands laboratoires qui, à mesure que se rapproche la fameuse « falaise des brevets », multiplient les partenariats avec des jeunes pousses mais aussi le rachat pur et simple de biotechs matures.

Plus de 20 % par an

En 2010, pas moins de cinq acquisitions ont déjà eu lieu, avec des primes variant de 42 % (Millipore acquis par l'allemand Merck) à 106 % (le belge Movetis tombé dans l'escarcelle de Shire Pharma). Sans parler de la cour insistante faite par Sanofi à l'américain Genzyme, qui a fait bondir le titre de la cible de 38 % depuis mi-juillet. Pour autant, les niveaux de valorisation restent raisonnables : à fin octobre, le PER (cours/bénéfice par action) moyen ressort à 10. « Les grosses biotechs affichent une croissance de leurs revenus de plus de 20 % par an » indique Michael Sjöström, gérant du fonds Pictet Biotech.

Reste à séparer le bon grain de l'ivraie. « La difficulté consiste à apprécier le niveau de ventes auquel pourra prétendre une biotech, au vu de la maladie ciblée, de l'état de la concurrence, et, surtout, de l'expertise scientifique des dirigeants » résume Rudi Van den Eynde. Et c'est bien là que le bât blesse. « En France en particulier, il manque un maillon de financement entre le capital-risque et la Bourse. De nombreuses biotechs se lancent sur le marché des capitaux sans avoir la maturité nécessaire, c'est-à-dire au moins deux ou trois projets en phase II de développement [sur trois, ndlr] » souligne Arnaud Guérin, analyste chez Portzamparc. Quant aux cinq biotechs françaises qui ont choisi la Bourse cette année, pas une ne cote au-dessus de son prix d'introduction.

Audrey Tonnelier

 

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