Ardennes (3/5) : à Charleville-Mézières, l'université relève le défi économique local

REPORTAGE - EPISODE 3 : Quel modèle pour le développement économique dans les Ardennes ? L'Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA) a établi un campus dans les Ardennes et créé une école d'ingénieurs, l'Eisine, pour répondre aux besoins des industriels locaux. La première promotion sortira formée en 2022.
Les futurs diplômés de l'Eisine, école d'ingénieurs à Reims et Charleville-Mézières, se destinent à des carrières dans les matériaux, les procédés et la maintenance industrielle. Ici, un atelier de fonderie chez PSA à Charleville-Mézières.
Les futurs diplômés de l'Eisine, école d'ingénieurs à Reims et Charleville-Mézières, se destinent à des carrières dans les matériaux, les procédés et la maintenance industrielle. Ici, un atelier de fonderie chez PSA à Charleville-Mézières. (Crédits : Olivier Mirguet)

Créer une école d'ingénieurs pour relancer un territoire dont l'industrie était en repli depuis quatre décennies. Tel a été le pari de l'Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA), à l'origine de la fondation de l'Ecole d'Ingénieurs en Sciences Industrielles et Numérique (Eisine) en juin 2019. L'URCA (29.000 étudiants) n'existe sous sa forme actuelle que depuis les années 1960. Elle compte cinq campus à Reims, Troyes, Châlons-en-Champagne, Chaumont et Charleville-Mézières. Son établissement dans les Ardennes date de 1995, avec la création d'un IUT. "La stratégie par site est assez ciblée et elle a été pensée, à Charleville-Mézières, en synergie avec les acteurs locaux. La sociologie locale se prête aux développements de l'alternance, avec un nombre d'étudiants boursiers supérieur à la moyenne nationale", observe Guillaume Gellé, président de l'URCA. "Dans les Ardennes, au-delà de la licence en sciences de l'éducation ouverte il y a deux ans, il y a peu d'offres en sciences humaines et sociales. Nous venons de mettre en place une classe préparatoire aux grandes écoles, et développons nos sorties au niveau bac + 3", poursuit Guillaume Gellé.

Les créations récentes de nouveaux parcours de formation portent sur un département Hygiène, Sécurité et Environnement qui destine les étudiants à travailler avec la centrale EDF de Chaux, dans la gestion des déchets. L'URCA mène aussi une réflexion pour la mis en place d'un campus connecté à Givet, dans la pointe nord du département des Ardennes.

57 % d'étudiants en  plus sur le campus

Au terme d'un investissement de 17 millions d'euros, réalisé par les collectivités en accompagnement de la création de l'Eisine, trois nouveaux bâtiments ont tenté de structurer le campus situé à l'entrée sud de la ville : le pôle de formation de la chambre de commerce et d'industrie, l'extension de l'IUT et une Maison du Campus, dont la cafétéria a été imaginée comme un lieu de vie étudiante qui faisait défaut avant la crise du Covid. Un parc de 4 hectares, qui reste à aménager, relie ces équipements entre eux. "Le nombre d'étudiants progresse plus vite que sur les autre sites de l'université. A Charleville, il a augmenté de 57 % depuis quatre ans", calcule Guillaume Gellé. Avec 900 inscrits fin 2020, les effectifs ont encore progressé de 21 % lors de la dernière rentrée. L'université a aussi calculé sa contribution au PIB des Ardennes : 11,1 millions d'euros ont été injectés l'année dernière dans l'économie locale, dont 8,3 millions d'euros attribués à la consommation étudiante.

L'Eisine, dont les effectifs se répartissent entre deux sites à Reims (406 étudiants) et Charleville-Mézières (289 étudiants), est perçue comme le fleuron de ce campus ardennais. Issue de la transformation de l'IFTS, une composante précédente de l'Université spécialisée dans le génie des matériaux, elle propose un catalogue centré sur des filières locales en demande. Si les étudiants en systèmes embarqués restent à Reims, ceux qui ont choisi la mécanique, le traitement des matériaux et le génie des procédés effectuent leurs parcours à Charleville-Mézières. "Nous n'avons pas encore de retour statistiques sur l'insertion professionnelle, parce que notre parcours vient seulement d'accueillir sa promotion de deuxième année", reconnaît Véronique Carré-Ménétrier, directrice de l'Eisine. "Nos formations correspondent aux besoins des industriels locaux. Pour nous en assurer, nous avons invité la directrice des ressources humaines de la plus grande fonderie indépendante des Ardennes à siéger à notre conseil d'administration. Nous sommes en phase avec les besoins locaux de PSA. Et pour les parents, inquiets pour l'insertion professionnelle des jeunes, le label d'une école d'ingénieur est rassurant", estime Véronique Carré-Ménétrier.

L'école reste une petite entité, avec un budget de 400.000 euros pour son fonctionnement et une équipe de 47 enseignants, dont 19 sont affectés aux formations à Charleville-Mézières. "A la rentrée en 2020, j'ai été pessimiste quant à l'accueil de nos étudiants sous contrat d'apprentissage. Mais les offres sont arrivées. La majorité de nos jeunes font leur alternance dans le département des Ardennes ou à proximité immédiate", observe Véronique Carré-Ménétrier. La première promotion ardennaise de l'Eisine achèvera sa formation mi-2022.

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