L'euro frôle 1,45 dollar

L'euro est monté à son plus haut niveau depuis quinze mois face au dollar dès le lendemain de la hausse des taux de la BCE, profitant de la nouvelle vogue des stratégies de portage.
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La cohabitation risque d'être houleuse entre un euro dont l'attrait en termes de rendements s'est intrinsèquement renforcé après la première hausse des taux de la Banque centrale européenne jeudi dernier et un dollar intrinsèquement faible et qui risque durablement de porter une rémunération dissuasive, voisine de zéro. Le regain de faveur des pratiques de « carry trade », ces stratégies de portage consistant à jouer sur les écarts de rendements en empruntant une monnaie faiblement rémunérée pour en investir le produit sur un placement plus attractif, bouche l'horizon du dollar. De même que le débat qui s'enlise sur le relèvement du plafond de la dette aux États-Unis, au risque de mettre quelque 800.000 fonctionnaires au chômage technique. Les défis auxquels sont confrontés les États-Unis en matière de finances publiques ont permis aux acteurs du marché des changes de relativiser les problèmes européens de même nature résultant de la crise de la dette souveraine. Résultat : l'indice pondéré du dollar face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux de l'oncle Sam est tombé vendredi à son plus bas niveau depuis décembre 2009.

L'euro, l'une des composantes clé de cet indice, désormais assorti d'un taux de 1,25 %, a poussé une pointe à un nouveau plafond de quinze mois face au billet vert, se hissant jusqu'à 1,4489. Si la perspective d'un nouveau tour de vis monétaire dès le mois de juin se confirme, la monnaie unique devrait s'attaquer dans les semaines à venir au seuil de 1,50, que le marché n'a pas revisité depuis décembre 2009.

La livre au plus haut

L'euro n'est toutefois pas un cas isolé. La livre sterling, sans doute la prochaine grande monnaie dont la rémunération va progresser, à la faveur d'un premier tour de vis monétaire de la Banque d'Angleterre, est montée à son plus haut niveau depuis quinze mois face au billet vert, à plus de 1,64. Quant au dollar australien, monnaie dont les rendements ont été majorés à sept reprises, pour atteindre 4,75 %, depuis que la banque centrale a pris l'initiative des premiers resserrements monétaires du monde industrialisé en octobre 2009, il a pulvérisé un nouveau record historique de vigueur face à son homonyme des États-Unis, à plus de 1,05.

Seul le yen partage un sort analogue à celui du dollar, mais sous pressions baissières nettement plus fortes depuis l'intervention concertée des banques centrales du G7 le 18 mars pour contrecarrer une envolée qui menaçait d'infliger une double peine au Japon sinistré. Vecteur privilégié du carry trade, le yen, qui ne rapporte que 0,1 %, a reflué vendredi à un point bas de six mois face au dollar, à 85,40 et de onze mois face à l'euro monté au-dessus de 123.

La monnaie de l'archipel risque d'être durablement malmenée, car la Banque du Japon est la seule grande banque centrale à ne disposer d'aucune marge de manoeuvre pour normaliser sa politique monétaire. Elle risque même d'avoir à faire de nouvelles concessions, sous forme d'injections de liquidités, de prêts ciblés ou d'achat d'actifs, pour faire face aux coûts de la reconstruction.

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