La BCE laisse ses taux directeurs inchangés

La BCE n'a pas modifié ses taux directeurs ce jeudi, comme l'attendaient les marchés, après les avoir relevés d'un quart de point le mois dernier. Le taux de refinancement reste donc à 1,25%. Lors de sa traditionnelle conférence de presse, Jean-Claude Trichet a réaffirmé que l'institution qu'il préside resterait très attentive sur les prix dans la zone euro.
Copyright Reuters

La Banque centrale européenne (BCE) a décidé ce jeudi de laisser son principal taux directeur inchangé à 1,25%, malgré la poussée inflationniste observée en zone euro ces derniers mois. Celle-ci, dopée notamment par la hausse des prix énergétiques, a encore accéléré en avril en zone euro à 2,8% sur un an, après 2,7% en mars, selon une estimation d'Eurostat. Elle a ainsi atteint son plus haut niveau depuis trente mois et dépassé pour la cinquième fois d'affilée la barre des 2%, limite fixée par la BCE.

L'institution gardienne de l'euro, dont la mission première est de garantir la stabilité des prix, s'est en effet donné comme objectif de maintenir l'inflation à un niveau proche mais inférieur à 2%.

En avril, la BCE avait relevé à 1,25% son taux directeur, qui était figé à 1% depuis près de deux ans, dans le but de juguler l'inflation. Economistes et marchés estiment toutefois que le resserrement monétaire, qui paraît inévitable, se fera de manière progressive pour atteindre 1,75% voire 2% d'ici la fin de l'année. Beaucoup parient sur une nouvelle hausse du taux directeur de la BCE en juin ou juillet.

Lors de sa traditionnelle conférence de presse mensuelle, qui avait lieu cette fois-ci à Helsinki, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a précisé que la décision de laisser les taux inchangés avait été "unanime". Concernant l'inflation, préoccupation majeure tant de la BCE que des marchés, il a estimé que "les anticipations doivent rester fermement ancrées (...) Les risques pour les perspectives d'inflation à moyen terme sont orientés à la hausse. (...) Ces risques sont liés notamment aux prix de l'énergie et à la forte croissance des marchés émergents (...) Il est probable que l'inflation restera nettement au-dessus de 2% dans les mois qui viennent."

Selon lui, "il est primordial que la hausse de l'inflation IPCH n'aboutisse pas à des effets de second tour (...) Nous allons continuer à surveiller très attentivement toutes les évolutions concernant les risques haussiers pour la stabilité des prix (...) Nous sommes dans une position de surveillance très, très attentive, il n'y a pas de "benign neglect"" (pas de laissez-aller).

Sur l'économie en général, "les risques pour les perspectives économiques sont globalement équilibrés", a-t-il estimé. "Les statistiques économiques récentes confirment la tendance économique positive sous-jacente de l'activité dans la zone euro, avec une incertitude qui reste toujours élevée."

"L'analyse monétaire indique que le rythme sous-jacent de la croissance monétaire reste modéré (...) La liquidité monétaire reste importante et pourrait faciliter la formation de pressions sur les prix", a-t-il poursuivi. "La fourniture de liquidité et ses modes d'allocation seront ajustés de manière adptée, les mesures non conventionnelles sont par nature temporaires."

Autre préoccupation, "les Etats doivent atteindre leurs objectifs de consolidation budgétaire en 2011(...) Il existe un risque que certains pays n'y parviennent pas", prévient Jean-Claude Trichet. "Le programme du Portugal comporte les éléments nécessaires à la stabilisation de son économie (...) Nous avons confiance pour le Portugal, il faut un soutien politique large au programme."

Interrogé sur un possible rééchelonnement de la dette d'Athènes, il a estimé "que l'important est de faire le travail d'ajustement et il y a un (plan budgétaire) et nous appelons à l'application de ce plan." Pour lui, une éventuelle restructuration de la dette grecque "n'est pas à l'ordre du jour."

Enfin, prenant acte de propos du secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner en faveur d'un dollar fort, Trichet a déclaré être d'accord avec la déclaration du président de la Fed, Ben Bernanke, sur l'importance d'un dollar fort : "nous incorporons les taux de change dans l'analyse", a-t-il commenté.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.