Le dollar souffre du manque de croissance aux États-Unis

Le billet vert a reperdu tout le terrain reconquis en mai à la faveur d'une montée de l'aversion au risque. L'euro a refranchi le seuil de 1,45 dollar pour la première fois depuis un mois.
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C'est sans doute avec une douce insouciance, le « benign neglect » popularisé aux États-Unis à la fin des années soixante, que les responsables économiques et financiers américains regardent filer le dollar. Car son affaiblissement compense, au moins partiellement, le brutal coup de froid qui s'est abattu sur l'économie de l'Oncle Sam et que le rapport sur l'emploi de mai diffusé vendredi résume à lui seul, avec seulement 54.000 créations de nouveaux postes de travail, quatre fois moins qu'en avril et une remontée du taux de chômage de 9 % à 9,1 % de la population active (lire page 2). Le billet vert a perdu en quelques séances tout le terrain qu'il avait inopinément reconquis en mai, à la faveur d'un retour en force de l'aversion au risque qui lui avait momentanément restitué son traditionnel rôle de valeur refuge. Jusqu'à ce que les fondamentaux de l'économie ne rendent à nouveau les investisseurs méfiants. Méfiance qui se traduit par un retour à la case départ de l'indice pondéré du dollar face aux monnaies des six principaux partenaires commerciaux des États-Unis retombé à la veille du week-end au niveau du début du mois dernier, soit 74,21.

La Fed au pied du mur

Le soufflé est également retombé sur la parité euro ? dollar. Le billet vert a reflué à son plus bas niveau depuis un mois, laissant la monnaie unique refranchir d'abord le cap de 1,45, avant de s'attaquer à celui de 1,46. Car la Réserve fédérale, dont l'un des deux mandats est de contribuer au plein emploi en même temps qu'elle assure la stabilité des prix, est au pied du mur. Avec des taux voisins de zéro, l'objectif des fonds fédéraux étant maintenu dans une fourchette de 0 % à 0,25 % depuis décembre 2008, la banque centrale de Washington est dépourvue de toute marge de manoeuvre sur son principal outil de politique monétaire.

Elle a en outre annoncé que, comme prévu, elle aurait bouclé à la fin juin son programme de QE2, la deuxième tranche de l'assouplissement monétaire quantitatif mis en oeuvre en novembre et portant sur 600 milliards de dollars d'achats de titres de la dette publique américaine. Étant donné l'état de santé toujours très précaire de l'économie, il y a donc gros à parier que la Fed annoncera à l'issue de son prochain conseil, le 22 juin, qu'elle continuera à réinvestir en obligations publiques le produit de ses rachats d'actifs engrangés depuis le début de la crise et réitérera son engagement à maintenir des taux bas « pour une période prolongée ».

Si d'aventure Ben Bernanke et ses pairs laissaient entrevoir l'éventualité d'un QE3 pour relancer la machine, ce que ne croit pas le consensus des économistes, le dollar y laisserait forcément des plumes. Avant la mise en marche de la planche à billets en mars 2009, qui a laminé la monnaie qu'elle imprime, le dollar se négociait à 1,25 pour 1 euro et son indice pondéré était voisin de 87.

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