La politique de la BCE, un frein pour la croissance  ?

Alors que la reprise reste fragile, la hausse du taux directeur de la Banque centrale européenne tombe assez mal.
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La décélération de l'activité se confirme. Relativement optimiste jusqu'ici quant à la vigueur du PIB au deuxième trimestre, la Banque de France ne table plus que sur une croissance de 0,2 %, loin du 0,4 % anticipé jusqu'ici, encore plus loin du + 0,9 % constaté au premier trimestre. Cet ajustement brutal s'explique par le recul plus fort qu'attendu de son indicateur du climat des affaires, désormais en dessous de sa moyenne de longue période. Prise jeudi pour apaiser les tensions inflationnistes, la décision par la Banque centrale européenne (BCE) de relever son taux directeur peut-elle freiner la reprise ? « Toute remontée de taux d'intérêt renchérit mécaniquement l'accès au crédit. Toutefois, qualifier de restrictive la politique monétaire de la BCE serait une gageure. Elle est simplement un peu moins accommodante. Compte tenu du niveau de l'inflation, les taux d'intérêts réels restent encore négatifs », explique Alain Henriot au Coe-Rexecode qui s'interroge sur le timing de cette décision. « Les tensions inflationnistes devraient s'apaiser au second semestre », estime-t-il. En revanche, l'effet de cette décision sur les taux de change risque d'être plus important, toute hausse de taux ayant tendance à soutenir la devise concernée, car elle offre ainsi des rendements plus élevés. L'euro s'échange aujourd'hui à 1.43 dollars, contre 1.4950 dollars lors de son point haut de mai. « Bien que surévalué de 20% au regard des perspectives de l'économie européenne, qui restent modérées à long terme, l'euro pourrait renouer prochainement avec ces sommets en bénéficiant du différentiel de taux qui subsiste de part et d'autre de l'Atlantique », explique Fabrice Cousté chez CMC Markets France. Depuis deux ans et demi, le taux directeur de la banque centrale américaine reste compris dans une fourchette de 0 à 0,25 % et rien n'indique qu'il sera relevé à court terme. « Outre ce différentiel de taux, les investisseurs devraient continuer à accorder une prime à l'euro compte tenu des perspectives peu enthousiasmantes de l'économie américaine. »La compétitivité prix des produits français n'a donc pas fini de se dégrader. Et le déficit commercial de battre des records.

Le ralentissement de l'activité ne se voit pas sur les recettes
L'économie ralentit mais les recettes de l'État demeurent bien orientées. Selon les chiffres communiqués par Bercy vendredi, à la fin mai, les rentrées du budget se montaient à 108,8 milliards d'euros contre 102,4 milliards à la même période de l'an dernier.

Cette bonne tenue s'explique un peu par la résistance de la consommation - la TVA progresse de 4,8 % sur un an à 54,8 milliards d'euros - mais surtout par le dynamisme de l'impôt sur les sociétés. Les recettes d'IS augmentent de près de 62 % à près de 8 milliards d'euros. Cet important sursaut tient principalement au fait que les rentrées d'IS s'étaient effondrées l'an dernier en raison de la crise. Malgré ce surcroît de recettes et une réduction des dépenses, le déficit budgétaire s'est encore creusé en mai à 68,4 milliards d'euros contre 67,9 milliards d'euros à la même date de 2010. D'une part, en raison de l'alourdissement de la charge de la dette soulignent dans un communiqué, les services de Valérie Pécresse, nouvelle ministre du Budget. D'autre part, cette dégradation s'explique notamment par deux décaissements du prêt octroyé à la Grèce opérés en janvier et en mars 2011.

 

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