La Grèce s'enfonce dans l'austérité, l'Europe face à ses responsabilités

Le vote allemand en faveur du FESF a soulagé les dirigeants européens et la troïka. Mais ils devront faire beaucoup plus pour convaincre, avant le fatidique G20 du 3 novembre.
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Le vote du Parlement allemand, le 29 septembre, en faveur de l'augmentation des capacités d'action du Fonds européen de stabilité financière (FESF) a provoqué un réel soulagement en Europe, même s'il n'a pas suffi à ramener la sérénité sur les marchés. Doté de 440 milliards d'euros (dont 211 apportés par l'Allemagne), le FESF pourrait être transformé en mécanisme permanent dès l'année prochaine, soit un an avant la date initialement fixée par les gouvernements européens, un sujet qui devrait être abordé ce lundi à la réunion de l'Eurogroupe. L'étreinte se desserre un peu autour du gouvernement grec, mais le pays reste menacé et sous pression. Ce qui a changé, c'est l'engagement total et sans retour, comme on brûle ses vaisseaux, de l'Allemagne et de la France, afin d'éviter un défaut inorganisé de la Grèce et une crise majeure de la zone euro. Cette détermination a convaincu les récalcitrants, comme la Slovaquie et la Finlande, de cesser leurs escarmouches contre le vote du second plan d'aide à Athènes. Pour autant, si l'Europe veut arriver au G20 début novembre avec la crise derrière elle, deux questions clés demeurent incertaines.

 

1. Que reste-t-il à faire concernant la Grèce ?

Il faut d'abord que le gouvernement grec convainque la troïka du sérieux de son plan d'austérité et surtout de sa faisabilité. Georges Papandréou présidait, ce dimanche, une réunion extraordinaire de son gouvernement afin de déterminer les modalités de la diminution des effectifs de l'administration de 30.000 fonctionnaires, sans modifier la Constitution, par le biais de la création d'une sorte de « réserve » dans laquelle seraient versées ces 30.000 personnes avec un salaire diminué. Mais la troïka demande également une vaste dérégulation du secteur des transports, notamment des taxis. On touche là aux limites extrêmes de ce que peut faire le gouvernement sans provoquer une crise politique et sociale hors de contrôle.

L'autre point clé est de s'assurer que les besoins de la Grèce, qui font l'objet du second plan de sauvetage de 109 milliards d'euros, ne soient pas revus à la hausse, ce qui provoquerait de nouvelles interrogations en Allemagne qui refuse de payer plus. Dimanche soir, la Grèce a confirmé que compte tenu d'une nouvelle contraction de l'économie (-5,5% cette année et -2% l'an prochain), ses objectifs de déficit ne seront pas respectés en 2011 (8,5% au lieu de 7,6%) et 2012. Cela risque de remettre en cause les termes de la participation du secteur privé, comme le redoute, dans une interview donnée à un journal grec dimanche, Josef Ackerman, président de la Deutsche Bank. Ce programme porte tout de même sur 37 milliards d'euros et anticipe une décote de 21 % sur les obligations concernées. Si la décote devait être supérieure, comme le bruit en court déjà, il n'est pas certain que les banques, qui ont accepté à 85 % de s'associer à ce mécanisme, maintiennent leur accord (lire page 4).

Enfin, sur le front des privatisations, rien n'a avancé. Aux termes de l'accord du 21 juillet, Athènes s'était engagé à lancer la privatisation d'environ 50 milliards d'euros d'actifs. Depuis, un plan beaucoup plus large, Eureca, s'est fait jour en Allemagne, prévoyant de placer tous les actifs publics grecs dans une structure qui serait ensuite « acquise », pour 125 milliards d'euros, par les pays de l'Union européenne. Il se heurte encore à la complexité du recensement des biens, notamment immobiliers, propriété de l'État grec. L'hypothèse d'un défaut ordonné de la Grèce d'ici à la fin 2011 n'est donc pas une hypothèse qu'il faut écarter, même si la nouvelle dynamique engagée par Berlin et Paris lui donne une nouvelle bouffée d'oxygène. Ainsi, il est aujourd'hui très probable que la décision de débloquer 8 milliards d'euros de crédit le 13 octobre prochain, selon les termes du premier plan de sauvetage conclu en 2010, sera prise.

 

2. Où en sont les autres pays

fragilisés ?

La perspective de sortie de crise serait plus claire si les autres « malades » de l'Europe montraient des signes d'amélioration. En Irlande, les choses s'améliorent : la croissance du deuxième trimestre s'est établie à 1,6 %, soit deux trimestres de suite de croissance. Les taux à 10 ans se détendent. Des annonces d'investissements importants émanant de Google et de Twitter montrent que l'Irlande est toujours une terre d'accueil, grâce à un taux d'imposition des sociétés à 12,5 %. Mais les problèmes structurels demeurent.

Au Portugal, la situation reste difficile. Le déficit s'élevait encore à 8,3 % en juin alors que l'objectif du gouvernement est de le ramener à 5,9 % fin 2011. De nouvelles mesures d'austérité sont attendues dans le budget 2012 et le PIB devrait décroître l'année prochaine de 2,3 % contre les 1,8 % initialement attendus. Le climat social est très tendu : 130.000 personnes ont défilé ce samedi à Lisbonne et plus de 50.000 à Porto au cri de « Assez de troïka ».

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