La confiance envers l'Espagne en chute libre

Madrid risque de ne pas tenir les objectifs de réduction de déficit pour 2011. Après Fitch, S&P a abaissé la note de l'Espagne. Un contexte qui laissera peu de marge de manoeuvre au gouvernement issu du scrutin du 20 novembre.
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L'agence de notation Standard & Poor's a annoncé en fin de semaine dernière la baisse de la note de la dette souveraine espagnole, de AA à AA- avec perspective négative. Cette annonce fait suite à celle de Fitch intervenue dans le même sens une semaine auparavant. Certaines des raisons invoquées par les agences sont invariablement les mêmes depuis le début de la crise : le taux de chômage (20,89 % de la population active) et le niveau élevé de l'endettement privé (284 % du PIB selon la Bank for International Settlements) influent négativement sur la croissance.

La fragilité du système financier est encore accentuée par la probable détérioration des actifs immobiliers et les difficultés de financement extérieur. S&P a dégradé mardi dernier la note globale de l'industrie bancaire espagnole, de 3 à 4. L'agence a néanmoins reconnu que, même en cas de nouvelle recapitalisation publique des banques, la dette publique resterait à environ 70 % du PIB, une des « principales forces » du pays.

Par ailleurs, le ralentissement économique des principaux partenaires commerciaux de l'Espagne nuira aux exportations, principal moteur de croissance ces dernières années. S&P et la Banque d'Espagne fixent la croissance espagnole à 0,8 % cette année, loin du 1,3 % prévu par le gouvernement socialiste.

Dans ce contexte, l'Espagne pourrait peiner à remplir ses objectifs de déficit pour 2011, d'autant que de nombreuses régions s'apprêtent à présenter des comptes plus déséquilibrés que prévu. Les mesures additionnelles prises l'été dernier par le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero n'ont pas convaincu les agences. S&P estime néanmoins que le déficit s'établira cette année à 6,2 % du PIB, soit « globalement en ligne » avec l'objectif de 6 % du gouvernement. Mais selon un officiel espagnol cité par le « Financial Times », l'objectif des 6 % semble « difficile ». S&P anticipe aussi des recettes moins importantes pour 2012 : l'agence prévoit un déficit de 5 % en 2012, contre 4,4 % selon les prévisions gouvernementales. La ministre de l'Économie, Elena Salgado, a de son côté répété vendredi que l'Espagne remplira ses objectifs « ambitieux ». Elle a par ailleurs informé que des recettes supplémentaires imprévues, de 4 milliards d'euros, permettront de faire face à toute déviation budgétaire. Contenir le déficit en 2011 n'est toutefois pas une garantie pour 2012, les problèmes structurels de l'économie demeurant inchangés. Les mesures mises en place par le gouvernement depuis 2010 sont « incomplètes » selon S&P, qui regrette notamment le fonctionnement du marché du travail, des retraites, et du système financier, dont la première recapitalisation s'est soldée par une injection de 7,5 milliards d'euros de fonds publics.

Dans ce contexte, les marchés auront les yeux rivés sur le gouvernement qui sortira des urnes le 20 novembre prochain : « Compte tenu de la faible croissance attendue, il devra faire de nouvelles coupes dans les dépenses et engager des réformes structurelles. Sans réforme du modèle économique, on risque de se retrouver dans une situation similaire à celle du Portugal ou du Japon, avec une stagnation de l'économie sur dix ans ou plus », estime Rafael Pampillón, économiste à l'IE Business School.

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