Les valeurs exposées à leur marché domestique ont-elles encore un avenir ?

Les investisseurs délaissent ces sociétés exposées aux évolutions réglementaires et au manque de croissance en Europe.
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Les mésaventures en Bourse d'EDF en ce début d'année illustre à quel point les valeurs dites "domestiques", à savoir des sociétés qui génèrent l'essentiel de leur résultat opérationnel sur les marchés matures d'Europe de l'Ouest, sont les mal aimées de la Bourse. Le titre de l'électricien français évolue ainsi non loin de son plus bas historique à 17,68 euros touché le 14 décembre dernier.  De même, France Télécom a atteint le 9 décembre un plus bas depuis novembre 2002 à 11,39 euros.  Autre exemple, Veolia a signé l'année dernière la plus mauvaise performance du CAC 40.

Malgré un environnement déprimé en 2011, ces valeurs n'ont pas su tirer profit de leur rôle historiquement défensif. " Ces sociétés vivent sur des rentes de situation qui sont désormais attaquées par le durcissement de la régulation ", explique Frédéric Buzaré, responsable de la stratégie actions chez Dexia AM. C'est exactement ce qui arrive ce mercredi à EDF dont le cours est attaqué en raison d'un rapport de l'Autorité de sûreté nucléaire l'obligeant à des investissements massifs de l'ordre de 10 milliards d'euros sur ses centrales nucléaires.

Ouverture de la concurrence, volonté politique d'instaurer des taxes, tarifs régulés... sont autant d'autres menaces coupléesà des perspectives de croissance bien ternes. " Les valeurs ayant un marché domestique se caractérisent par des résultats et des chiffres d'affaires déjà en berne et appelés à être de plus en plus sous pression ", souligne Arnaud Raimon, directeur de la gestion d'Aliénor Capital.

Des rebonds techniques

Dès lors, la question se pose : les valeurs domestiques ont-elles un avenir en Bourse ? " Non, tant que la consommation en Europe ne sera pas repartie. Pour l'heure, le moral des consommateurs européens est durement affecté ", répond Arnaud Raimon. De son côté, Frédéric Buzaré n'est pas plus optimiste. " Il est possible que les valeurs domestiques bénéficient de rebonds techniques mais elles ne devraient pas performer de façon durable aussi longtemps que le régulateur ne change pas d'attitude ", pronostique-t-il. Pourtant, ces sociétés affichent l'avantage de rendements parmi les plus élevés du marché, à l'image de France Télécom qui offre un rendement de pas moins de 11,5 %. Mais là encore, le bât blesse. " Le dividende est le seul élément qui soutient les cours, mais il est de plus en plus menacé par la pression sur les marges et le cash flow ", estime Frédéric Buzaré.

Pour autant, tout espoir n'est pas perdu pour les quelques valeurs domestiques qui parviendront à se différencier, estiment les gérants. Et de citer des acteurs de niche comme l'opérateur pétrolier Rubis, la compagnie aérienne irlandaise Ryanair ou encore le spécialiste allemand de la billetterie CTS Eventim.

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