Isabelle Ithurburu, essai transformé sur TF1

Chipée à Canal+, la journaliste s’est imposée comme le visage du rugby sur la Une. Retour en coulisses sur ce changement de division.
La présentatrice rayonne sur le terrain du « Mag de la Coupe du monde de rugby » 2023.
La présentatrice rayonne sur le terrain du « Mag de la Coupe du monde de rugby » 2023. (Crédits : FRANCK CASTEL/ABACA)

En août, lors des matchs préparatoires du XV de France à Saint-Étienne et à Nantes, la scène a étonné Julien Millereux.

« Les spectateurs scandaient "Isabelle, Isabelle" dès qu'elle apparaissait dans le stade, rembobine le directeur des sports de TF1. Les enfants, les parents, les mamies... J'ai réalisé à quel point elle était populaire chez les fans de rugby. »

À l'aube de la Coupe du monde, le défi était pourtant tout autre pour l'ex-présentatrice du Canal Rugby Club : s'imposer au-delà du microcosme de l'Ovalie en parvenant à fédérer puristes et touristes.

« Sur TF1, on parle à des personnes qui n'ont parfois jamais vu une minute de rugby de leur vie, confie Isabelle Ithurburu. Il faut tout vulgariser, car les règles sont bien plus compliquées qu'au football. »

Le 8 septembre, près de 10 millions de téléspectateurs ont assisté à son intronisation à l'occasion de la cérémonie d'ouverture, au côté d'Anne-Claire Coudray. Ce même soir, juste après France - Nouvelle-Zélande, son Mag de la Coupe du monde de rugby - un débrief à chaud avec des consultants maison - était suivi par 3,5 millions de téléspectateurs. Vendredi, après France-Italie, ils étaient 2,9 millions au rendez-vous.

« Je vois les retombées dans la rue, à l'école maternelle de ma fille, et même au théâtre »

Une exposition XXL dont elle constate déjà les retombées :

« Je le vois dans la rue, à l'école maternelle de ma fille, et même au théâtre, s'amuse-t-elle. La semaine dernière, j'étais assise pas loin de Pascal Légitimus, que je n'avais jamais rencontré. Il a mimé une passe de rugby en me disant qu'il adorait le Mag. Ça m'a beaucoup touchée. »

La gamine de Pau était pourtant loin d'imaginer un tel destin cathodique. C'est dans l'appartement familial, au-dessus de l'épicerie tenue par ses parents, qu'est née sa passion du rugby : « Mon papa, qui travaillait sept jours sur sept, remontait quand il y avait un match important à la télé, ça me permettait de passer du temps avec lui. »

Après des études de commerce international, sa vie bascule une nuit de 2008, comme le raconte Nicolas Bert, à l'époque directeur général de la chaîne Infosport :

« Un ami m'a dit qu'il avait croisé en soirée une fille dingue de rugby. Je cherchais de nouveaux visages. On s'est rencontrés. Les débuts ont été rocambolesques, car la direction des sports de Canal+ refusait à l'époque d'engager des journalistes non diplômés d'une école. Les premières semaines, je lui donnais mon badge pour qu'elle entre en douce dans la rédaction et apprenne les bases, comme le montage d'un sujet. Mais une fois à l'antenne [en 2009], elle a mis toute la hiérarchie d'accord. »

Non sans avoir dû affronter des résistances chez certains collègues.

« Au service rugby, il y avait beaucoup de testostérone, se souvient Nicolas Bert. Quelques-uns lui ont fait des misères. »

Avec le recul, Isabelle Ithurburu explique cette attitude par la « peur du changement » :

« Je bousculais les codes. C'est différent aujourd'hui. Dans le football, Nathalie Iannetta a été un modèle pour nous. Maintenant, il y a des femmes qui "portent" un sport, comme Marion Rousse avec le cyclisme sur France Télévisions. »

Des avancées que la productrice Laurence Bachman, présidente de l'association Pour les femmes dans les médias, juge encore trop timide : « Il faut aller plus loin. » Déjà approchée deux fois dans le passé par TF1, Isabelle Ithurburu, 40 ans, a fini par dire oui au printemps dernier.

« J'ai accepté, car on me proposait d'animer le magazine 50' Inside en plus du rugby. Mais j'ai beaucoup pleuré, c'est difficile de quitter un groupe qu'on aime. »

De l'aveu de l'un de ses anciens collègues, les dirigeants de Canal+ ont « accusé le coup » mais sont restés « très classe ». En 2024, Denis Brogniart retrouvera les commandes du Mag lors de l'Euro de football en Allemagne, et l'avenir d'Isabelle Ithurburu s'écrira plutôt sur le terrain des magazines et du divertissement.

« C'est évident que TF1 va lui confier prochainement de nouvelles émissions », prédit une figure de la chaîne. ■

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Commentaires 2
à écrit le 08/10/2023 à 14:51
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Pourquoi TF1 est allé cherché cette femme qui cherche toujours ces mots pour parler, en ce moment du rugby, tout comme 50 minutes insides ou là c'est le pompon aucune présentation et pas du tout dans le sujet. Question tenue vestimentaire toujours le...

à écrit le 08/10/2023 à 12:26
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Ben pour commenter le rugby, un nom basque déjà c'est rassurant.

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