« Je suis un con positif » (Philippe Caverivière)

De RTL à « Quelle Époque ! » sur France 2, ce stakhanoviste de la blague s’est imposé comme l’un des humoristes préférés des Français.
Philippe Caverivière le 22 septembre à Paris.
Philippe Caverivière le 22 septembre à Paris. (Crédits : latribune.fr)

Il vient de quitter les studios de RTL pour un restaurant d'hôtel près de la Défense. Avec ses baskets aux couleurs du Brésil et sa démarche « de branleur assumé », difficile de conserver le sérieux à ses côtés. Caverivière a cette « gueule de couillon », comme il dit. Cette gouaille qui se suffit à elle-même pour nous entraîner dans son monde enchanté. Son maître absolu s'appelle Pierre Richard et sa sonnerie de téléphone reprend la flûte de pan du générique de La Chèvre. Une fois coiffé et poudré, celui qui assure connaître un pic de notoriété au rayon légumes de Grand Frais remercie Claire la maquilleuse de lui avoir permis de passer « de Bourvil à Ryan Gosling ». De pitre à beau gosse, mais un beau gosse généreux quand arrive le moment de payer l'addition. « Laissez, c'est pour moi ! »

LA TRIBUNE- Vous inaugurez cette rubrique du premier numéro de La Tribune Dimanche. Un média de plus pour trouver de l'inspiration...

J'en suis ravi ! Je me nourris de la presse pour être un peu moins con chaque jour.

Et si on parlait d'autre chose... Pourquoi voulez-vous faire rire ?

Quand j'étais petit, je voulais devenir gardien de parking pour avoir le temps de lire Rahan ou Pif Gadget. Et plus tard, j'ai ressenti le besoin d'un métier qui rend les gens heureux. Naturellement, il y a eu le Club Med. J'étais vraiment dans mon élément. Une fois de retour à la vie normale, je n'ai essuyé que des échecs. J'ai coulé une sandwicherie familiale à Fréjus car j'invitais tous mes potes et j'ai raté ma reconversion de vendeur de maisons dans l'agence immobilière de mon frère... J'ai donc repris contact avec Nicolas Canteloup, que j'avais rencontré au Club Med à Dieulefit, pour lui proposer des vannes.

D'où vous vient cet humour ?

De ma maman, qui était très drôle, et d'une épreuve de vie où j'ai perdu ma grande sœur d'un cancer à l'âge de 7 ans. Pour casser ce chagrin, je faisais rire ma maman. Une fois que l'on est dans la résilience et que l'on a accepté l'inacceptable, la vie se doit d'être plus intense, plus généreuse et plus tournée vers l'autre.

Sans ce drame, vous seriez différent ?

Peut-être... C'est la phrase de Sagan « on ne sait jamais ce que le passé nous réserve ». J'ai l'impression que l'humour est un muscle. Si tu ne ris pas après un drame, c'est que le drame a gagné.

Vous semblez être sensible aux grands écrivains...

Je viens d'un milieu ouvrier mais il y a toujours eu des bouquins à la maison. Sagan, Gary, Pagnol, Camus... J'ai toujours aimé lire. Si on ne se nourrit pas de plein de mots, on ne peut pas véhiculer sa pensée.

Vous avez eu une enfance modeste...

Absolument. Dans un HLM à Montbéliard, mais ça ne m'a pas empêché d'être heureux. À mon époque, la religion n'était pas un sujet. Je regrette que l'on ait perdu cette tolérance.

Vous auriez pu mal tourner ?

J'aurais eu du mal à faire des bêtises car ma mère italo-alsacienne était très à cheval sur la rigueur. Si j'avais le malheur de revenir à la maison avec une gomme qui ne m'appartenait pas, c'était le drame. Dans la famille, il n'y avait pas d'espace pour faire le con.

Vous vous êtes bien rattrapé pendant vos années Club Med...

C'est vrai que j'en ai fait, des conneries. Avec un pote, on a mis du roquefort dans le téléphone de l'hôtesse qui nous agaçait. J'ai aussi été viré d'un village Pierre & Vacances à cause d'une nuit beaucoup trop agitée...

Vous avez eu une période Popeye, Thierry Lhermitte dans Les Bronzés ?

Quand on est GO, on se sent plus beau que ce que l'on est vraiment. C'est l'effet du badge. Mais ça s'arrête à la porte du village. Il m'arrivait d'être célibataire, donc de faire des rencontres. J'ai peut-être des enfants cachés qui se manifesteront en lisant cette interview...

Que pense votre père de votre succès ?

Quand on lui demande s'il a un lien de parenté avec l'autre con qui fait des vannes, il est fier de dire que c'est lui le père... Il aurait même tendance à se la péter auprès des commerçants de Saint-Raphaël.

« L'autre con », « gueule de couillon »... C'est comme ça que vous vous décrivez ?

Je suis un con positif. Quand j'entre dans le studio de RTL et que je découvre la tête de Calvi ou d'Amandine [Bégot], je sais bien ce qu'ils se disent. « Ah, on va enfin respirer avec l'autre con. » Je leur offre une petite parenthèse d'humour en cette actualité délétère.

Vous avouez avoir le syndrome de Peter Pan. Vieillir vous angoisse ?

Comme l'a écrit Brel, j'aimerais « être vieux sans être adulte ». L'âge adulte ne m'intéresse pas beaucoup.

Ça explique pourquoi vous ne voulez pas avoir d'enfants ?

Peut-être aussi par peur de les perdre. J'ai probablement évacué cette envie par lâcheté. Il faudrait que j'aille chez le psy, mais je n'ai pas le temps...

Avez-vous peur de la mort ?

Oui, alors que je la côtoie de très près car je suis parrain de l'association Léo, qui vient en aide aux enfants touchés par le cancer. C'est un combat que j'ai perdu en 1975, et ces gamins m'apportent autant que je leur rapporte.

Quel est votre nouveau défi ?

Comme je suis en quête d'émotion permanente, je planche sur un one-man-show avec Laurent Vassilian et mes auteurs de RTL : Arsen, Clément Charton et Jonas Evain.

C'est comment, un dimanche chez Philippe Caverivière ?

Le dimanche est très studieux. Je ne fais que travailler.

Si ce succès s'arrête du jour au lendemain, vous faites quoi ?

J'ai un côté éternel GO. Je me balade dans la vie comme je me baladais au Club Med, avec cette même simplicité. Je me sens très privilégié de gagner ma vie pour dire des bêtises et de recevoir plein d'amour en retour. Mais si mes blagues ne plaisent plus, je retournerai à Saint-Raphaël vendre des pans-bagnats et louer des paddles.

Qu'est-ce que l'on ne sait pas sur vous ?

Je me suis fait tatouer un message sur le bras en thaï pour que personne ne puisse comprendre. Mais un jour, un homme me lance : « You are a good son. » Il avait bien lu « Maman, je t'aime pour toujours et après ». ■

« J'ai perdu ma grande sœur d'un cancer à l'âge de 7 ans. Pour casser ce chagrin, je faisais rire ma maman »

SES COUPS DE CŒUR

Quand Philippe Caverivière s'accorde un peu de temps, il aime retrouver la chaleur de l'accueil marocain au restaurant Figuig, dans le 17e arrondissement de Paris : « Demandez Abdel de ma part et n'oublions pas le Maroc. »

Sa dernière claque au cinéma remonte au film de Darren Aronofsky, The Whale, et il apprécie particulièrement le jeune humoriste suisse Alexandre Kominek : « Un jeune prodige avec beaucoup de talent et très prometteur. »

Enfin, il s'est reconnu dans le livre Son odeur après la pluie, de Cédric Sapin-Defour, l'histoire d'un chien et de son maître. Lui aussi voue une passion pour les animaux et principalement ses deux chats, Snatch et Roméo. J.S.-M.

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Commentaire 1
à écrit le 08/10/2023 à 14:28
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Le vois de temps à autre; assez inégal, mais pas désagréable. Par contre, il devrait soigner ses relations, car, pour le voir, être obligé de subir la tache qu'est l'animatrice... affublé d'un moins que rien qui encombre les plateaux depuis... un dem...

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