Le budget 2012 n'échappera pas à une révision significative

Tels que définis dans la loi de finances, les objectifs de réduction du déficit public semblent de moins en moins tenables.
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La mise sous surveillance du triple A de la France par Moody's hypothèque encore un peu plus la pérennité du budget 2012 dans sa forme actuelle. Il apparaît de plus en plus difficile pour le gouvernement de s'exonérer de nouvelles mesures avant la présidentielle de 2012. Pour l'heure, Bercy se borne à rappeler que s'il maintient sa prévision de croissance de 1,75 % en 2012, son budget intègre un scénario minimal de 1,5 %. Les 12 milliards d'euros d'économies prévus dans le plan de rigueur devraient suffire à réduire le déficit public à 5,7 % du PIB cette année et à 4,5 % en 2012. Mais « nous nous adapterons, c'est indiscutable », a lâché, mardi sur France 2, le ministre de l'Économie, François Baroin. Ce qui paraît de plus en plus probable tant la majorité des économistes tablent sur une croissance inférieure.

« Nous avons retenu le chiffre consensuel de 0,9 % en 2012. Ce qui obligerait le gouvernement à trouver 6 à 7 milliards d'euros supplémentaires », estime Jean-Luc Proutat, économiste chez BNP Paribas. Plus pessimiste encore est l'OFCE qui table sur 0,8 % de croissance en 2012, ce qui conduirait à un déficit à 5,2 % du PIB et un taux de chômage de 9,7 %. Gilles Carrez, le rapporteur (UMP) du Budget de l'Assemblée, ne table lui-même que sur 1 % de croissance en 2012 et juge incontournable un collectif budgétaire d'austérité au lendemain de la présidentielle. Alors que le calendrier politique incite à la prudence, la question est de savoir si, économiquement, le gouvernement pourra tenir jusque-là, sachant qu'il sera fixé en février prochain sur le déficit public pour 2011 et en avril sur la croissance de 2011 et du premier trimestre 2012. Le problème est qu'à trop actionner le levier de la rigueur, on risque de tuer la croissance, plaident les économistes. Ainsi, atteindre l'objectif de 4,5 % de déficit public à coups de tours de vis supplémentaires conduirait « à une récession de 0,5 % du PIB et un chômage à 10,3 % », alerte Mathieu Plane, de l'OFCE. En même temps, si la France est seule à faire de la relance dans la zone euro, les gains en termes de croissance seront faibles. Le seul moyen, selon Mathieu Plane, « est de renégocier la vitesse de réduction des déficits à l'échelle européenne et d'agir uniquement sur le déficit structurel ». Après, les marges de manoeuvre étant étroites, des redéploiements pourraient être envisagés. Mardi soir devant les députés, Gilles Carrez a évoqué la fiscalité « écologique » et une hausse de la TVA sur les produits qui bénéficient incongrûment d'un taux à 5,5 %...

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