François Fillon met la pression sur les banques

Le Premier ministre souhaite une baisse « significative » des bonus, un maintien du crédit aux entreprises et un ratio de fonds propres durs de 9 %. Mais en pratique il ne peut les contraindre.
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Midi dix, midi vingt... Toujours pas de François Fillon. C'est avec près d'une demi-heure de retard que le Premier ministre a débuté la déclaration de presse qui se tenait dans la foulée d'une réunion avec les principales banques françaises. Réunion qui portait sur la recapitalisation du secteur bancaire, décidée dans le cadre du plan de sauvetage de la Grèce conclu à Bruxelles le 27 octobre. Est-ce à dire que les échanges n'ont pas été des plus faciles entre, d'une part, le chef du gouvernement, son ministre de l'Économie, François Baroin, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, et, d'autre part, Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale, Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, François Pérol, patron de BPCE, Bernard Delpit, directeur financier du Crédit agricole, Michel Lucas, à la tête du Crédit Mutuel, et Philippe Wahl, président de la Banque Postale ? Les annonces de François Fillon le laissent supposer.

Dans les meilleurs délais

Le Premier ministre souhaite que chaque banque présente à l'Autorité de contrôle prudentiel, « avant le 15 décembre, un plan détaillé » des mesures destinées à atteindre un ratio de fonds propres durs de 9 % d'ici à juin 2012, comme le stipule l'accord du 27 octobre. Accord qui, malgré le projet de référendum grec, « reste notre feuille de route et doit être appliqué dans les meilleurs délais », a martelé François Fillon.

Pour parvenir à cet objectif de 9 %, ce qui nécessite de recapitaliser les principales banques françaises à hauteur de 8,8 milliards d'euros au total, « celles-ci devront faire preuve de la plus grande modération dans le versement de dividendes et de bonus », a insisté le Premier ministre. Et de préciser : « Les bonus versés au titre de 2011 devront être en baisse significative. » Le chef du gouvernement a ainsi demandé à Christian Noyer de « fixer en amont le montant des enveloppes envisagées ». Pour mémoire, les bonus des banques françaises distribués au titre de 2010 étaient déjà en recul (« La Tribune » du 16 mai).

Enfin, la recapitalisation des banques ne « doit pas » déboucher sur un resserrement du crédit aux entreprises, a averti François Fillon. Dans cette optique, François Baroin, Christian Noyer et Gérard Rameix, le médiateur du crédit, se voient chargés de « suivre trimestre par trimestre l'évolution des encours de crédit. La Fédération bancaire française (FBF) a réaffirmé, mercredi, la volonté des banques de « faire tous les efforts nécessaires pour poursuivre le financement de l'économie ». Mais l'Institut de la Finance internationale estime, lui, que les prêts bancaires au secteur privé risquent de baisser de 5 %, au moins, dans la zone euro, en raison de l'obligation de respecter dès la mi-2012 le fameux ratio de fonds propres durs de 9 %. De tout façon, le chef du gouvernement peut demander ce qu'il veut, les banques ne sont pas tenues d'obtempérer, l'État ne figurant pas au nombre de leurs actionnaires. Et c'est bien parce qu'elles ne veulent pas le voir dans leur capital qu'elles entendent se recapitaliser « par leurs propres moyens, sans intervention de l'État », souligne la FBF.

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