La BCE veut éviter un "credit crunch"

La demande des banques de la zone euro pour l'opération inédite de refinancement à trois ans de la Banque centrale européenne lancée mercredi a atteint un record absolu.
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C'est dans un contexte particulièrement menaçant pour la zone euro que la Banque centrale européenne (BCE) a lancé son opération « bazooka de petit calibre ». Ouvrant en grand ses guichets au profit des banques menacées d'un assèchement du crédit, elle a lancé mercredi la première de ses deux opérations inédites de refinancement à trois ans annoncées le 8 décembre, dont le succès ne s'est pas démenti. Forte du credo qui la guide depuis le début de la crise : assurer la liquidités des banques, responsables de 75 % du financement de l'économie de la zone euro, est la priorité des priorités.

La demande a été servie en totalité, comme la BCE s'y était engagée, au taux fixe très avantageux de 1 %, le niveau de son principal taux directeur. Et elle a atteint un montant record pour une opération de refinancement à long terme - les LTRO (« long term refinancing operations ») - initiées au plus fort de la crise financière en 2009. Le sommet de 442,24 milliards d'euros, atteint lors de la première opération de ce type d'une maturité de douze mois, menée en juin 2009, a été pulvérisé, puisqu'un total de 489,191 milliards d'euros a été servi aux 523 établissements bancaires de la zone euro qui se sont présentés. Ce montant dépasse largement la prévision médiane des économistes, qui tablaient sur des demandes de 310 milliards d'euros, mais elle n'est pas non plus exorbitante compte tenu des besoins en liquidités des banques.

D'autant qu'une proportion importante de la demande - quelque 61 % selon RBS qui estime l'apport net de liquidités à seulement 191 milliards d'euros - provient d'un recyclage de lignes de crédit existantes à sept jours, trois mois et un an. Enfin, la forte demande pour cette ligne exceptionnelle ne fait que compenser la faiblesse de celle observée le 26 octobre, lors de la réouverture d'une ligne de prêt à un an, exhumée par Jean-Claude Trichet, signant là l'un de ses derniers actes à la tête de l'institution de Francfort. Seules 181 banques s'étaient alors présentées au guichet de la BCE, pour un total limité à 56,9 milliards d'euros.

Certains s'étaient interrogés sur les raisons de ce rendez-vous manqué. La réponse prenait alors la forme d'anticipations : bon nombre de banques s'attendaient à une prochaine baisse des taux. Elles en ont obtenu deux puisque, entre le 3 novembre et le 8 décembre, le nouveau président de la BCE, Mario Draghi, a détricoté les deux tours de vis monétaires opérés par son illustre prédécesseur entre avril et juillet, lorsque le ciel européen semblait s'éclaircir, ramenant le loyer de l'argent de 1,5 % à 1 %. L'opération de mercredi remplaçait une adjudication à treize mois, une maturité qui était elle aussi inédite, et sera suivie d'un second LTRO à trois ans, le 29 février 2012.

Plus importante que la taille de l'opération de mercredi sera l'utilisation des fonds alloués par les banques. À ceux qui pensent encore que ce financement ultra-long est une invitation à acheter de la dette souveraine et à faire ainsi refluer les rendements obligataires, il convient de rappeler deux évidences. D'abord, les banques souffrent d'une véritable intoxication aux fonds procurés par la banque centrale, dont elles n'ont jamais été aussi dépendantes. Ensuite, et peut-être surtout, elles vont devoir faire face à de très lourdes échéances l'an prochain. Mario Draghi a rappelé récemment que 600 milliards d'euros de dette bancaire arrivent à maturité en 2012, dont 230 milliards pour le seul premier trimestre. Il n'en reste pas moins que la BCE a prouvé une fois encore qu'elle était le prêteur en dernier ressort... des banques.

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