Visite surprise d'Edouard Philippe à Notre-Dame-des-Landes

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Edouard philippe en visite a notre-dame-des-landes[reuters.com]
(Crédits : Gonzalo Fuentes)

NANTES (Reuters) - Le Premier ministre, Edouard Philippe, a effectué samedi une visite inopinée en Loire-Atlantique, où il a rencontré les maires de trois communes directement concernées par le dossier du projet d'aéroport contesté de Notre-Dame-des-Landes, dont le sort doit être scellé ce mois-ci.

Au lendemain de la clôture à Matignon d'une série de consultations auprès des élus du Grand Ouest, Edouard Philippe s'est rendu à Notre-Dame-des-Landes, Nantes et Saint-Aignan de Grand Lieu, commune de la métropole nantaise sur laquelle est implanté l'actuel aéroport.

"Pour l'instant (la décision) n'est pas prise, elle exige encore quelques consultations", a-t-il déclaré à la presse à la sortie de la mairie de Saint-Aignan de Grand Lieu.

"C'est une décision difficile à prendre", a souligné Edouard Philippe, qui doit trancher entre un réaménagement de la plate-forme Nantes-Atlantique ou la construction d'un nouvel aéroport.

Lors de ce déplacement destiné à "nourri(r) (sa) réflexion", Edouard Philippe a réaffirmé que la décision serait prise "avant la fin du mois de janvier" dans ce dossier vieux de plusieurs dizaines d'années.

"Depuis quelques jours, j'ai multiplié les consultations (...) et il était aussi indispensable que je puisse voir, parce que vous savez quand on veut réfléchir bien, c'est bien d'écouter, c'est bien de lire, c'est bien de voir aussi", a-t-il expliqué.

SEULE CERTITUDE, L'ÉVACUATION DE LA ZAD

Les acteurs locaux ont salué cette visite.

"Il a voulu se rendre compte, une dernière fois, de la réalité du terrain et écouter les arguments des uns et des autres, la démarche était plutôt bonne", a déclaré à Reuters le maire de Notre-Dame-des-Landes, Jean-Paul Naud, opposé à la construction d'un nouvel aéroport sur sa commune.

Dans le camp opposé, le maire de Saint-Aignan-de-Grand Lieu a évoqué une discussion "très ouverte" et salué la volonté du Premier ministre de rencontrer tous les acteurs pour pouvoir prendre sa décision en connaissance de cause.

"S'il s'agissait d'une simple visite de courtoisie pour faire passer la pilule, ce serait compliqué d'aller à la fois à Notre-Dame-des-Landes et Saint-Aignan de Grand Lieu... ou alors il faut avoir un peu de vice", a-t-il dit à Reuters.

Egalement favorable à la construction d'un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes, la maire socialiste de Nantes, Johanna Rolland, a quant à elle dit à Reuters avoir prévenu le Premier ministre que "le risque d'une non-décision, c'est qu'il ne se passe rien pendant ce quinquennat et le suivant".

Son prédécesseur à la mairie de Nantes Jean-Marc Ayrault, Premier ministre de François Hollande, évoque quant à lui les risques d'un abandon du projet de construction d'un nouvel aéroport, dans un entretien publié dans Le Monde de dimanche.

"Renoncer serait un choix opportuniste, tactique" qui "n'apportera aucune solution aux problèmes qui se posent à Nantes-Atlantique", dit-il.

Le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, contesté par des militants dont certains sont installés sur le site, a été validé par un référendum local le 26 juin 2016.

Un rapport remis au gouvernement en décembre a ouvert une seconde piste, celle d'un réaménagement de l'actuel aéroport de Nantes, une option qui contraindrait l'Etat à verser un important dédommagement à Vinci, dont une filiale serait le concessionnaire du futur équipement s'il venait à voir le jour.

Quelle que soit l'option retenue, le gouvernement compte évacuer le site de Notre-Dame-des Landes, que des militants écologistes et anticapitalistes occupent depuis 2009 sous le nom de "zone à défendre" (ZAD).

(Guillaume Frouin, avec Jean-Baptiste Vey et Myriam Rivet à Paris, édité par Gilles Trequesser)