Trump presse le Congrès de voter une loi sur l'immigration

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(Crédits : Jonathan Ernst)

par Sarah N. Lynch et Susan Cornwell

WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump a déclaré mardi qu'il soutiendrait l'une ou l'autre des deux propositions de loi sur l'immigration présentées par les républicains à la Chambre des représentants face au tollé suscité par sa politique de séparation des enfants migrants de leurs parents à la frontière mexicaine.

Le président des Etats-Uni a dit aux représentants du camp républicain à la Chambre qu'ils devaient faire quelque chose sur l'immigration "tout de suite", selon le récit du député Mark Meadows.

Le président a dit que séparer les membres d'une même famille était une "mauvaise" chose, a ajouté Tom Cole, un autre représentant.

Les républicains du Congrès se démènent pour élaborer une loi face à l'indignation suscitée par des vidéos de jeunes enfermés dans des cages grillagées et des enregistrements audio d'enfants en larmes à la recherche de leurs parents.

Selon les chiffres publiés mardi par les Douanes et la Protection des frontières, 2.342 enfants ont été séparés de leurs parents à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique entre le 5 mai et le 9 juin.

Le ministre de la Justice Jeff Sessions a annoncé en avril une politique de "tolérance zéro" selon laquelle les migrants interpellés pour avoir tenté de franchir la frontière américano-mexicaine de façon illégale devaient être poursuivis au pénal.

Cette politique a conduit à des séparations familiales parce que lorsque les agents des frontières renvoient les migrants appréhendés devant les tribunaux, les parents sont détenus dans des prisons fédérales en attendant d'être jugés tandis que les enfants restent sous la garde des agents des frontières ou sont transférés sur des sites gérés par l'Office de relogement des réfugiés, une agence du ministère de la Santé.

EFFROYABLES RÉSULTATS

Donald Trump, qui a fait de la fermeté en matière d'immigration une pièce maîtresse de sa présidence, souhaite qu'en échange de la fin des séparations familiales, une loi d'ensemble soit adoptée sur l'immigration, avec un volet sur le financement du mur qu'il veut construire à la frontière avec le Mexique.

Les deux projets de loi républicains en discussion, très critiqués par les démocrates et les groupes d'aide aux migrants, prévoient de financer le mur frontalier et de réduire l'immigration légale, notamment en refusant des visas à certains proches de ressortissants américains pour éviter une "migration en chaîne".

Les républicains de la Chambre travaillent à la révision d'une des propositions de loi qui empêcherait les séparations familiales dans certains cas, par exemple pour ceux qui tentent une traversée illégale de la frontière pour la première fois, selon un conseiller républicain à la Chambre.

Les Démocrates soulignent que Donald Trump peut s'il le veut changer sa politique d'immigration d'un trait de plume.

"Le président essaye de mettre ce piège dans l'esprit du public que, d'une certaine façon, il y a une loi qui l'oblige à faire tout ceci et que le Congrès peut l'annuler", a déclaré le sénateur Chris Van Hollen, qui a visité un centre de rétention à Brownsville au Texas.

"Nous savons qu'il s'agit d'un problème qui a été créé de toutes pièces il y a six semaines et nous en constatons aujourd'hui les effroyables résultats", a-t-il ajouté.

Plusieurs centaines de manifestants ont manifesté mardi à New York en criant : "Gardez les familles ensemble!"

Anne Heaney, 74 ans, enseignante à la retraite, tenait une pancarte qui disait: "Les enfants n'ont pas leur place dans des cages, mais peut-être que Trump (...) oui."

Selon un sondage Reuters/Ipsos publié mardi, la politique du président en matière d'immigration a le soutien de moins d'un Américain sur trois (28%) en âge de voter. Près de 60% des sondés s'opposent à cette politique et 15% ne se prononcent pas.

(Avec David Morgan, Amanda Becker, Tim Ahmann, Makini Brice, Doina Chiacu et Lisa Lambert à Washington, Richard Lough à Paris et Tom Miles à Genève; Danielle Rouquié pour le service français)