MUNICH (Reuters) - Beate Zschäpe, membre d'un groupuscule néo-nazi allemand, a été condamnée mercredi à la réclusion à perpétuité pour son rôle dans le meurtre de dix personnes, échelonnés au fil de sept années de violences raciales.

Zschäpe, âgée de 43 ans, appartenait au NSU (Parti national-socialiste clandestin), dont les membres ont tué huit Turcs, un Grec ainsi qu'une policière allemande, de 2000 à 2007, a déclaré la Haute cour régionale de Munich.

Les magistrats ont estimé que Beate Zchäpe portait "une culpabilité particulièrement lourde" dans ces crimes et lui a infligé la peine la plus forte possible, à l'issue de l'un des procès de l'après-guerre les plus suivis en Allemagne, qui aura duré cinq ans.

En plus de sa condamnation pour les meurtres, elle a été reconnue coupable d'appartenance à une organisation terroriste et d'avoir pris part à deux attentats à la bombe ainsi qu'à un incendie criminel.

Tout au long des cinq années de procès, Beate Zchäpe a démenti avoir été mise au courant des meurtres. Elle a dit par la suite regretter de ne pas avoir empêché deux hommes du groupuscule, Uwe Böhnhardt et Uwe Mundlos, de commettre ces assassinats. Ces deux individus se sont donné la mort en 2011 lorsque la police a découvert par hasard l'existence du groupuscule.

Selon les procureurs, Beate Zchäpe a joué un rôle clé, en coulisse, en préparant les assassinats et en s'occupant de trésorerie et des alibis à fournir.

Cinq des dix meurtres ont été commis en Bavière, et il s'agit des pires violences perpétrées par un groupuscule depuis celles de la RAF (Fraction armée rouge), qui avait tué 34 personnes en une vingtaine d'années.

L'avocat de Beate Zchäpe, Mathias Grasel, a déclaré sa cliente ferait appel de la condamnation prononcée mercredi.

Quatre hommes ont été eux aussi déclarés coupables de soutien au NSU, notamment en lui ayant fourni des armes, et ils ont été condamnés à des peines allant de deux ans et demi à dix ans d'emprisonnement. Dans la salle d'audience, des militants d'extrême droite ont applaudi lorsque l'un de ces hommes a été condamné à une peine inférieure à celle attendue.

(Jörn Poltz; Eric Faye pour le service français)