Notre-Dame-des-Landes : Les zadistes font un "premier pas" vers la légalité

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Notre-dame-des-landes: les zadistes font un premier pas vers la legalite[reuters.com]
(Crédits : Pascal Rossignol)

par Guillaume Frouin

NOTRE-DAME-DES-LANDES (Reuters) - Une trentaine de zadistes ont déposé mercredi à la mairie de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) dix demandes de permis de construire, les toutes premières dans l'histoire d'un mouvement qui s'était construit dans l'illégalité.

Ces demandes surviennent alors que les habitants fêteront le deuxième anniversaire de l'abandon du projet d'aéroport ce vendredi, le 17 janvier étant dorénavant décrété « jour férié » sur la "Zad" ("zone à défendre").

Les permis de construire sollicités concernent la reconstruction d'anciens corps de ferme démolis lors de la tentative d'évacuation manquée de 2012 et l'édification de bâtiments pour les besoins des « projets agricoles » validés en 2018 par l'État après l'abandon du projet d'aéroport.

Une vingtaine d'autres dossiers, plus délicats juridiquement, devraient être déposés d'ici la fin du mois pour régulariser la situation des lieux de vie construits entre-temps. « On essaie de rejoindre la légalité, à travers notre légitimité... C'est un premier pas », a commenté une zadiste, qui a requis l'anonymat.

Leurs demandes ont été rendues possibles par l'adoption le 18 décembre 2019 du Plan local d'urbanisme intercommunal (PLUi) de la communauté de communes dont dépend Notre-Dame-des-Landes : ce document de référence, qui détermine les secteurs constructibles et leurs affectations possibles, a reclassé l'ancienne « zone d'aménagement différé » en zones « agricole » et « naturelle ».

"LEVER DE CHARPENTE" VENDREDI

Ce nouveau classement ne satisfait pas pour autant les zadistes, qui considèrent qu'il ne tient pas compte de la diversité d'activités qu'ils ont déployées sur place ces douze dernières années.

"On a développé ici une vie de réseau, avec des activités artisanales, sociales et culturelles qui n'ont pour le moment pas leur place dans le PLUi mais qui sont cohérentes ensemble", a dit l'un d'eux mercredi aux journalistes présents devant la mairie de Notre-Dame-des-Landes.

Ces demandes de permis de construire vont aussi permettre aux zadistes de se prémunir des procès-verbaux qui pourraient être dressés à tout moment par les services de l'État, alors que la plupart de leurs lieux de vie ne sont normalement pas autorisés en zone « agricole » ou « naturelle ».

"On n'attend pas que les administrations nous délivrent les permis de construire pour construire : c'est l'État qui nous a forcés à nous régulariser au pas de charge", rappelle un habitant de l'ancienne « zone à défendre ». « Cette régularisation a pris la forme de « projets agricoles », mais on se retrouve aujourd'hui avec des fermes sans bâtiments. »

Un « lever de charpente » est ainsi d'ores et déjà prévu ce vendredi à « La Gaité », l'un des lieux de vie de la Zad qui avait été détruit lors d'une tentative d'évacuation du site par les forces de l'ordre en 2012.

(Guillaume Frouin, édité par Jean-Michel Bélot)