France : L'Autorité de la concurrence s'inquiète du poids des géants de la tech sur les services de paiement

reuters.com  |   |  390  mots
France: l'autorite de la concurrence s'inquiete du poids des geants de la tech sur les services de paiement[reuters.com]
(Crédits : Maxim Zmeyev)

par Mathieu Rosemain

PARIS (Reuters) - Les services de paiement numérique développés par les géants américains des technologies comme Apple et Google, filiale d'Alphabet, pourraient renforcer leur position sur le marché en leur octroyant davantage de contrôle sur les données des consommateurs, estime jeudi l'autorité française de la concurrence.

Cette mise en garde publiée dans un document de 127 pages fait suite à une enquête d'un an sur les nouvelles technologies de paiement et met en exergue l'avis de l'autorité de la concurrence quant à la prolifération des applications bancaires pour smartphone comme celle du britannique Revolut ou de l'allemand N26.

Le gendarme français de la concurrence estime que les services de paiement d'Apple, de Google et d'Amazon profitent d'importants avantages concurrentiels grâce au grand nombre d'utilisateurs attirés sur leurs plates-formes et aux données collectées.

Ces données leur permettent de mieux évaluer la situation financière de leurs utilisateurs et d'adapter leurs offres, notamment en estimant le prix maximum qu'un client est prêt à payer pour un produit ou un service.

La technologie de paiement sans contact "Near Field Communication" (NFC) peut également constituer une barrière à l'entrée sur ce marché pour d'éventuels concurrents, en fonction de l'accès accordé par les fabricants de smartphones ou les systèmes d'exploitation, note l'autorité de la concurrence.

Le service Apple Pay n'est disponible que sur les appareils du fabricant à la pomme et sa puce NFC ne peut être exploitée par des tiers.

L'autorité de la concurrence relève également que la puissance financière des géants de la technologie leur permet d'investir d'énormes sommes d'argent pour mieux intégrer les outils de paiement dans leurs systèmes, créant ainsi un risque accru d'enfermement des consommateurs dans leurs plates-formes.

La Commission européenne a lancé l'an dernier une enquête sur Apple Pay.

Les autorités de régulation de l'Union européenne s'intéressent notamment à l'obligation imposée par Apple aux développeurs d'utiliser son système de paiement intégré sur son magasin d'applications en ligne App Store.

Elles redoutent également qu'Apple Pay, lancé en 2014, ne soit le service de paiement mobile autorisé à utiliser la fonction paiement sans contact des iPhone.

(Version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)