La BCE lancera en octobre le débat sur la réduction de son bilan, selon des sources

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La bce lancera en octobre le debat sur la reduction de son bilan, selon des sources[reuters.com]
(Crédits : Wolfgang Rattay)

par Francesco Canepa

PRAGUE (Reuters) - Les responsables de la Banque centrale européenne (BCE) devraient lancer le mois prochain le débat sur la réduction du bilan de l'institution, qui représente plus de 4.000 milliards d'euros, a-t-on appris de quatre sources, et certains espèrent aboutir en décembre à une décision sur ce qui constituerait la prochaine étape de leur combat contre l'inflation.

La mise en oeuvre de cette stratégie dite de "resserrement quantitatif" (quantitative tightening, QT), aurait un impact important sur les marchés obligataires de la zone euro, pour lesquels la BCE a été depuis des années un acheteur de premier plan. Elle pourrait donc favoriser la remontée du coût du crédit pour les Etats comme pour les entreprises.

La banque centrale a décidé jeudi une hausse de trois quarts de point de ses trois taux d'intérêt directeurs, un resserrement d'une ampleur sans précédent dans son histoire, pour tenter de faire refluer l'inflation.

Ses dirigeants doivent maintenant commencer à discuter du moment propice au lancement de la réduction du bilan, gonflé par des années d'achats massifs d'obligations sur les marchés effectués pour faire baisser les taux et favoriser l'inflation, alors très faible, ont expliqué les sources, qui ont requis l'anonymat.

Ces sources ont ajouté que le débat devrait débuter de manière informelle lors d'une réunion du Conseil des gouverneurs prévue à Chypre le 5 octobre et se poursuivre lors d'une réunion de politique monétaire Francfort trois semaines plus tard.

Certains membres du Conseil espèrent parvenir à une décision d'ici la fin de l'année mais d'autres sont moins pressés, convaincus que les taux d'intérêt restent pour l'instant l'instrument le plus important pour la BCE, ont expliqué ces sources.

Un porte-parole de la BCE a déclaré que "le Conseil des gouverneurs n'a discuté ni de la teneur ni du calendrier d'un éventuel resserrement quantitatif à venir".

La BCE dit depuis longtemps déjà qu'elle continuera de réinvestir les montants issus de l'arrivée à échéance des titres achetés dans le cadre de son programme d'achats d'actifs APP, d'un montant de 3.000 milliards d'euros, "longtemps" après sa première hausse de taux, décidée en juillet, et qu'elle le fera "aussi longtemps que nécessaire".

Elle s'est aussi engagée à réinvestir au moins jusqu'à fin 2024 les montants issus des échéances de son programme d'achats d'urgence face à la pandémie (PEPP), de 1.700 milliards, et cet engagement ne devrait pas être remis en cause selon l'une des sources.

Certains membres du Conseil estiment que la prochaine étape consisterait logiquement à laisser les obligations de l'APP arriver à échéance sans réinvestir les montants concernés, ce qui reviendrait à réduire les liquidités excédentaires dans le système bancaire, que la BCE et les banques centrales nationales doivent désormais rémunérer à 0,75%.

Cela permettrait aussi de libérer des marges de manoeuvre pour d'éventuels achats d'urgence dans le cadre du nouvel Instrument de protection de la transmission (IPT), qui vise à prévenir une envolée des coûts de financement des pays les plus endettés au sein de la zone euro, comme l'Italie et la Grèce.

Mais d'autres membres du Conseil craignent une remontée trop rapide des taux à long terme et un impact sur la liquidité si la BCE cesse de réinvestir l'APP, ont expliqué les sources.

La Réserve fédérale américaine a commencé en juin à réduire son propre bilan et ce mouvement doit s'amplifier ce mois-ci, le rythme de la diminution devant doubler pour atteindre 95 milliards de dollars par mois.

(Reportage Francesco Canepa, avec Balazs Koranyi et Lindsay Dunsmuir, version française Marc Angrand)