Bannon voulait mener une "guerre culturelle" en 2016

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Bannon voulait mener une guerre culturelle en 2016[reuters.com]
(Crédits : Tony Gentile)

WASHINGTON (Reuters) - Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump, souhaitait mener une "guerre culturelle" en utilisant les données personnelles de millions d'internautes lors de la présidentielle américaine de 2016, a expliqué un lanceur d'alerte lors d'une audition mercredi devant la commission des affaires judiciaires du Sénat américain.

Steve Bannon, ex-vice-président de la société de conseil Cambridge Analytica impliquée dans un scandale de siphonnage de données privées, "considérait la guerre culturelle comme un moyen de créer des changements durables dans la politique américaine", a expliqué Christopher Wylie.

Ce dernier a travaillé pour la société SCL, filiale de Cambridge Analytica contrainte de fermer après les révélations sur l'acquisition frauduleuse des données personnelles de quelque 87 millions d'utilisateurs de Facebook. Cambridge Analytica avait été engagée par l'équipe de Donald Trump pour la campagne présidentielle américaine de 2016.

Wylie a fourni à la commission du Sénat des documents sur la manière dont Cambridge Analytica collectait les données personnelles et a décrit les discussions au sein de la société.

Ces discussions concernaient la dissuasion électorale, l'exploitation des tensions raciales et le test de slogans de campagne dès 2014 pour l'échéance de 2016.

"Une des raisons qui m'a poussé à partir", a dit Christopher Wylie, "fut les premières discussions sur la dissuasion des électeurs. J'ai vu des documents et je me souviens de conversations qui visaient les électeurs afro-américains".

"La compagnie s'est aperçue que certains segments de la population réagissaient à des messages comme 'assécher le marigot' ou à des images de mur ou à la paranoïa concernant un 'Etat profond', sujets qui n'apparaissaient pas nécessairement dans les sondages ou le discours politique dont Steve Bannon entendait se servir pour bâtir son mouvement", a précisé Christopher Wylie.

Un autre témoin entendu par la commission sénatoriale, le professeur Eitan Hersh de l'Université de Tufts s'est dit "sceptique" concernant l'efficacité de tels messages politiques et d'un tel ciblage des électeurs. "Personne ne peut être persuadé tout le temps", a-t-il noté.

(Mark Hosenball; Pierre Sérisier pour le service français)