Un défilé militaire attaqué en Iran, 25 morts et 60 blessés

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Une dizaine de morts dans une attaque contre un defile militaire en iran[reuters.com]
(Crédits : Tasnim News Agency)

par Michael Georgy

DUBAI (Reuters) - Un commando armé a ouvert le feu samedi matin sur un défilé militaire à Ahvaz dans le sud-ouest de l'Iran, tuant 25 personnes et faisant plus de 60 blessés, ont rapporté des agences de presse iraniennes.

Un mouvement iranien arabe d'opposition, appelé Résistance nationale Ahvaz, a revendiqué l'attentat, tout comme le groupe djihadiste Etat islamique (EI). Ni l'un ni l'autre n'ont fourni d'éléments de preuve à l'appui.

Ahvaz est la capitale de la province du Khouzistan, où des troubles émanant de la minorité arabe sont signalés de manière sporadique.

Douze des 25 tués étaient des membres des Gardiens de la Révolution, et cette attaque est l'une des plus meurtrières à avoir visé cette unité d'élite, fer de lance de la révolution islamique iranienne. Le défilé militaire s'inscrivait dans le cadre d'une cérémonie de commémoration du début de la guerre contre l'Irak (1980-1988).

Le Guide suprême de la Révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, a affirmé que les assaillants d'Ahvaz étaient liés à des alliés des Etats-Unis dans la région. Il a ordonné aux forces de sécurité de retrouver rapidement les agresseurs et de les traduire devant la justice.

"Ce crime illustre la poursuite des complots des pays de la région qui sont les fantoches des Etats-Unis, et dont le but est de créer un climat d'insécurité dans notre cher pays", a-t-il dit dans un communiqué diffusé sur son site internet.

Selon la télévision d'Etat, les assaillants ont ouvert le feu sur la tribune des officiels venus assister au défilé. Des femmes et des enfants ont également été tués. Quant aux quatre assaillants, ils ont été abattus.

La télévision iranienne a imputé l'attaque à des "éléments takfiri", allusion à des islamistes sunnites.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohamad Javad Zarif, a déclaré qu'elle avait été commise par les agents d'un "régime étranger".

"Des terroristes recrutés, formés, armés et payés par un régime étranger ont attaqué Ahvaz", écrit-il sur son compte Twitter. "L'Iran tient les parrains régionaux du terrorisme et leurs maîtres américains pour responsables de ce genre d'attaques", ajoute-t-il.

Selon un porte-parole de l'armée iranienne, le général Abolfazl Shekarchi, cité par l'agence Irna, les auteurs de l'attaque ont été entraînés dans deux Etats arabes du Golfe. Ils n'appartenaient pas à l'EI mais étaient liés à Israël et aux Etats-Unis, a-t-il ajouté.

ROHANI ATTENDU A NEW YORK A L'ONU

Un porte-parole des Gardiens de la révolution cité par l'agence Isna, a imputé quant à lui l'attaque à des nationalistes arabes qui, a-t-il dit, sont soutenus par l'Arabie saoudite.

"Cet acte terroriste n'est pas un signe de pouvoir, mais un aveu de faiblesse et la poursuite des actes de Daech (L'Etat islamique) en Iraq et en Syrie où ils tirent sur des innocents", a déclaré de son côté le contre-amiral Ali Fadavi, membre du commandement des Gardiens de la révolution.

Des images de l'attaque ont été diffusées par les médias iraniens. On y voit des soldats ramper au sol tandis que des coups de feu sont tirés dans leur direction.

Transmettant ses condoléances au président iranien Hassan Rohani, Vladimir Poutine a déclaré que la Russie était prête à renforcer les efforts communs dans la lutte contre le terrorisme, rapporte l'agence de presse russe RIA.

Ce bain de sang porte un coup à la sécurité de l'Iran, pays relativement stable par comparaison avec les pays arabes du voisinage, confrontés depuis le "printemps arabe" de 2011 à des turbulences voire à des conflits civils.

L'an dernier, cependant, 18 personnes avaient été tuées au parlement iranien et au mausolée de l'ayatollah Khomeini, le fondateur et premier Guide suprême de la Révolution iranienne. Il s'agissait de la première attaque meurtrière à Téhéran à être revendiquée par l'Etat islamique.

Et en juillet, des insurgés kurdes ont tué dix Gardiens de la Révolution lors d'une attaque contre un de leurs postes à la frontière irano-irakienne, selon l'agence de presse iranienne Tasnim.

L'attaque de samedi matin a été menée à la veille du départ du président Hassan Rohani pour New York, où il doit prendre la parole devant l'Assemblée générale des Nations unies.

"Rohani va invoquer l'attaque terroriste pour justifier la présence de l'Iran au Moyen-Orient(...). L'attaque va conforter la position des Gardiens de la Révolution en Iran même et dans la région", a déclaré un analyste politique, Hamid Farahvashian.

(Bureau de Dubaï avec Bozorgmehr Sharafedin à Londres et Vladimir Soldatkin à Moscou; Henri-Pierre André et Eric Faye pour le service français)