L'UE inquiète pour les journalistes et universitaires détenus en Turquie

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(Crédits : Francois Lenoir)

ANKARA (Reuters) - L'Union européenne est fortement préoccupée par le grand nombre de journalistes et d'universitaires détenus dans les prisons turques, a déclaré jeudi à Ankara le commissaire européen à l'Elargissement, Johannes Hahn.

Il a fait cette déclaration lors d'une conférence de presse, assez tendue, avec le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, et Federica Mogherini, haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

"Les procédures pénales et judiciaires doivent respecter la présomption d'innocence. Les journalistes et les membres de la société civile doivent pouvoir faire leur travail", a ajouté le commissaire européen.

Dans un communiqué, l'UE a demandé à Ankara "de prendre des mesures décisives pour inverser la tendance actuelle en matière d'Etat de droit et de droits fondamentaux".

Federica Mogherini a notamment souhaité que soit rapidement remis en liberté Selahattin Demirtas, ex-député et ancien coprésident du parti pro-kurde HDP (Parti démocratique des peuples).

Mevlüt Cavusoglu, pour sa part, a demandé à l'UE d'arrêter de défendre "ceux qui mènent des activités visant à renverser le gouvernement turc élu démocratiquement" .

Mardi, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné la Turquie pour atteinte aux droits fondamentaux de Demirtas, estimant que les poursuites engagées contre lui étaient de nature politique.

L'ancien avocat et ancien candidat à la présidentielle turque de 2018 est en détention depuis le 4 novembre 2016 après avoir été accusé de différentes infractions en lien avec des activités "terroristes" qu'il récuse et pour lesquelles il risque un total de 142 années de prison.

Il a été condamné le 7 septembre dernier à une première peine de quatre ans de prison pour "propagande terroriste".

Les avocats de Demirtas ont annoncé jeudi qu'ils se tourneraient simultanément vers la Cour constitutionnelle turque, la CEDH et le Conseil de l'Europe si leur client n'était pas libéré sans attendre.

(Tulay Karadeniz, Ece Toksabay et Gulsen Solaker; Guy Kerivel pour le service français)