Entrée en campagne délicate pour Griveaux à Paris

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Entree en campagne delicate pour griveaux a paris[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - A peine investi par La République en marche (LaRem) comme candidat aux élections municipales à Paris, Benjamin Griveaux peine à gommer une image négative, aggravée par des propos insultants sur ses adversaires.

Signe du malaise ambiant, aucun des autres anciens candidats à l'investiture - Cédric Villani, Hugues Renson, Anne Lebreton, Mounir Mahjoubi - pourtant conviés, n'a participé à son premier meeting de campagne, jeudi dans un théâtre parisien.

Reprenant le thèse du "rassemblement" déjà exprimée dans son premier message de candidat désigné (), l'ancien porte-parole du gouvernement s'est adressé sur scène à chacun d'eux par leur prénom.

"Cédric et Hugues, Mounir et Anne, votre place est ici, avec votre famille, au milieu de nous. Et comme dans toutes les familles, parfois on s'engueule mais surtout on se réconcilie et ensemble on gravit des montagnes", a-t-il dit sous les applaudissements du public, où l'on reconnaissait le délégué général de LaRem, Stanislas Guerini, et le président du groupe à l'Assemblée nationale, Gilles Le Gendre.

Reste que la publication par Le Point, mercredi, de propos insultants ("abrutis"), voire orduriers ("fils de p..."), que l'ancien secrétaire d'Etat a tenus au sujet de ses adversaires dans un cadre en principe privé, fait sonner faux son slogan de campagne "Paris ensemble avec Benjamin".

Le candidat a immédiatement fait savoir qu'il s'était excusé auprès de ses rivaux défaits, sans toutefois démentir la teneur de ses déclarations.

Finiront-ils par se rallier ? Pour l'heure, les quatre ex-prétendants, muets ou presque depuis la semaine dernière, n'ont rien dévoilé de leurs intentions.

Cédric Villani, aperçu brièvement aux côtés de l'actuelle maire socialiste de la capitale, Anne Hidalgo, lors des festivités du 14-Juillet, laisse planer le suspense en attendant la fin de l'été.

"VRAIMENT MÉCHANT"

Benjamin Griveaux s'est également attiré les foudres de l'ancien maire socialiste Bertrand Delanoë, qu'il cite régulièrement comme un modèle.

Si on en croit ce qu'écrit Le Point, il dit être en accord avec l'ancien édile (2001-2014) sur la nécessité de mener une campagne au centre, et non à gauche toute, pour remporter la bataille des municipales dans la capitale.

"C'est inexact", l'a sèchement repris Bertrand Delanoë sur Twitter, où il ne s'était plus exprimé depuis près de deux ans. "Et je rappelle que nul n'est autorisé à parler en mon nom."

Ces épisodes apportent de l'eau au moulin des détracteurs de Benjamin Griveaux, ancien disciple de Dominique Strauss-Kahn passé tôt sous la bannière d'Emmanuel Macron, qui peine à se débarrasser d'une image méprisante, voire agressive.

"Griveaux, il est vraiment méchant", résume un député favorable à Cédric Villani et qui juge possible que l'élu mathématicien "aille au bout" de son envie de briguer la mairie de Paris.

Plane également l'ombre d'une candidature dans la capitale du Premier ministre, Edouard Philippe, qui rebattrait les cartes. Pour le moment, le chef du gouvernement entretient le doute sur ses projets.

Pour l'heure, les soutiens de Benjamin Griveaux font leur possible pour faire oublier ce qu'ils voient comme une mauvaise passe dans une bataille municipale qui ne fait que commencer.

Présente au meeting jeudi soir, la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa a minimisé l'impact de "quelques gros mots pendant une campagne, parce qu'il était énervé".

Sa collègue Emmanuelle Wargon (Transition écologique) veut croire que le sujet appartient déjà au passé.

"On a besoin de rassemblement à Paris", a-t-elle considéré. "Il peut y avoir des maladresses de langage, ça arrive à tout le monde, surtout dans un cadre privé. Je pense que c'est aussi difficile de savoir à quel moment on peut juste exprimer quelque chose qui est du domaine du ressenti, dans un cadre purement privé. Attention à la surveillance 24/24, aussi."

(Elizabeth Pineau avec Simon Carraud et Caroline Pailliez, édité par Emmanuel Jarry)