Les opposants à un Brexit sans accord affichent leurs divergences

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Gb: le labour appelle a un vote sur la confiance a boris johnson[reuters.com]
(Crédits : Pool New)

par Kate Holton et William James

LONDRES (Reuters) - Le Parti travailliste, première force de l'opposition politique en Grande-Bretagne, et les Libéraux démocrates ont exposé jeudi leurs différences d'approche sur les moyens de renverser Boris Johnson et d'empêcher un Brexit sans accord.

Le nouveau chef du gouvernement britannique, qui rejette l'accord de retrait négocié par Theresa May avec les Européens, a promis que le Royaume-Uni quitterait l'Union européenne à la date du 31 octobre, avec ou sans accord.

Mais son approche le place en opposition frontale avec la Chambre des communes, majoritairement hostile à un No Deal, qui reprendra ses travaux le 3 septembre après la pause estivale.

Dans une lettre ouverte adressée jeudi à la classe politique, le chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, appelle à voter une motion de défiance contre Boris Johnson et à mettre sur place un gouvernement "provisoire strictement limité dans le temps" qui repousserait la date du Brexit au-delà du 31 octobre et organiserait de nouvelles élections législatives.

"Le gouvernement actuel n'a pas mandat pour un 'No Deal', et le référendum de 2016 n'a accordé aucun mandat pour un 'No Deal'", souligne le chef du Labour dans sa lettre. "J'ai par conséquent l'intention de présenter une motion de censure au plus tôt, lorsque le moment sera opportun pour nos chances de succès."

Une poignée d'élus du Parti conservateur de Boris Johnson ont indiqué qu'ils étudieraient la proposition de Corbyn.

Mais l'initiative du dirigeant travailliste ne séduit pas les Libéraux démocrates, dont la dirigeante, Jo Swinson, a déclaré jeudi qu'il n'était pas question que Corbyn prenne la tête d'un gouvernement d'urgence.

"Nous faisons face à une crise nationale. Un gouvernement d'urgence pourrait être nécessaire pour la résoudre, mais si Jeremy Corbyn souhaite vraiment réussir, même lui peut se rendre compte qu'il ne peut pas diriger ce gouvernement", a-t-elle dit.

MÉPRIS POUR LES ÉLECTEURS, DIT DOWNING STREET

Même si Johnson n'a plus qu'une voix de majorité à la Chambre des communes, l'initiative de Corbyn exige pour réussir que les 14 députés libéraux démocrates le soutiennent. A l'inverse, tout initiative concurrente n'ayant pas le soutien de Corbyn n'aurait aucune chance de connaître le succès.

Au 10 Downing Street, une porte-parole de Boris Johnson a jugé que les projets du dirigeant travailliste prouvaient son mépris pour le résultat du référendum du 23 juin 2016, quand 52% des électeurs ont voté pour une sortie de l'Union européenne.

"Notre gouvernement estime que la population est décisionnaire et que les résultats des votes doivent être respectés; Jeremy Corbyn pense lui que les gens sont des serviteurs et que les politiciens peuvent annuler les scrutins qu'ils n'aiment pas", a-t-elle dit.

Boris Johnson, qui a dirigé la campagne des Brexiters lors du référendum, a déclaré mercredi que ceux qui essayaient d'empêcher la sortie de l'UE participaient à une "forme terrible de collaboration", après que l'ancien ministre des Finances Philip Hammond a estimé que la Chambre des communes empêcherait un Brexit sans accord.

Si la censure venait à être votée contre le gouvernement Johnson, les députés disposeraient d'une période de 14 jours pour tenter de former un nouveau gouvernement, faute de quoi de nouvelles élections seraient organisées - possiblement après la date à laquelle le Brexit est aujourd'hui programmé.

Les votes aux Communes ont montré qu'une petite majorité de députés étaient opposés à l'hypothèse d'un No Deal.

Corbyn, dont les positions sur le Brexit ne sont pas dénuées d'ambiguïté, fait face à des pressions au sein même du Labour pour empêcher une sortie de l'UE.

(Jean Terzian et Henri-Pierre André pour le service français)