Poutine dit que Moscou exigera dès vendredi le paiement du gaz en roubles

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(Crédits : Sputnik)

(Reuters) - Le président russe Vladimir Poutine a annoncé jeudi avoir signé un décret imposant aux acheteurs des pays étrangers "inamicaux" de payer en roubles les livraisons de gaz naturel à compter de vendredi, et prévoyant la suspension des contrats en cours s'ils n'obtempèrent pas.

Les sociétés importatrices de gaz devront ouvrir un compte en roubles dans une banque russe pour se soumettre à cette nouvelle condition, a ajouté Vladimir Poutine, qui a présenté cette mesure comme un moyen de renforcer la "souveraineté" de la Russie face aux sanctions occidentales, dont le gel d'une partie des avoirs de sa banque centrale.

"Pour acheter du gaz naturel russe, elles doivent ouvrir des comptes en roubles dans des banques russes. C'est à partir de ces comptes que seront effectués les paiements pour le gaz livré à partir de demain", a déclaré le président russe dans une allocution retransmise à la télévision.

"Si de tels paiements ne sont pas effectués, nous considérerons cela comme un défaut de la part des acheteurs, avec toutes les conséquences qui en découlent. Personne ne nous vend quoi que ce soit gratuitement, et nous n'allons pas non plus faire de charité - c'est-à-dire que les contrats existants seront annulés", a-t-il dit.

Selon le décret signé par Vladimir Poutine, les sociétés étrangères pourront effectuer des versements en devises sur les comptes en roubles qu'elles auront ouverts dans des banques russes, qui leur fourniront en retour des roubles pour s'acquitter de leurs factures.

Les pays membres du G7 et ceux de l'Union européenne, dont environ un tiers des besoins en gaz sont fournis par la Russie, ont dit à plusieurs reprises qu'ils continueraient de payer le gaz en euros ou en dollars, comme le prévoient leurs contrats.

"LES CONTRATS SONT LES CONTRATS"

En déplacement jeudi à Fouras, en Charente-Maritime, le président français Emmanuel Macron a dit avoir évoqué à nouveau cette question dans la matinée avec le chancelier allemand Olaf Scholz.

"(Olaf Scholz) et moi-même avons parlé au président Poutine ces derniers jours sur la question du paiement en rouble du gaz, pour expliquer que c'était à nos yeux inacceptable, en tout cas que c'était non compatible avec nos sanctions et avec les contrats", a déclaré Emmanuel Macron.

"Le président Poutine nous a confirmé d'ailleurs qu'une solution serait trouvée et il n'a pas manifesté l'intention de supprimer la fourniture de son gaz à ce stade", a-t-il ajouté, faisant écho aux propos tenus par le chef du gouvernement italien, Mario Draghi, à l'issue d'un entretien avec le président russe.

En visite à Berlin, le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a invité de son côté la Russie à honorer "totalement et intégralement" les contrats qu'elle a signés.

"Les contrats prévoient une monnaie dans laquelle ces contrats sont exécutés, les contrats doivent être exécutés dans la monnaie dans laquelle ils sont prévus. Les contrats sont les contrats. Le G7 a été très clair", a insisté Bruno Le Maire.

Si les experts doutent de l'intérêt de Moscou de couper le robinet de gaz, alors que celui-ci constitue aujourd'hui sa principale source de revenus, Vladimir Poutine s'est montré menaçant jeudi, accusant les pays européens qui passent outre ses exigences d'être prêts à "ignorer les intérêts de leurs propres consommateurs".

"Nous devons nous préparer à toutes les hypothèses", a reconnu Bruno Le Maire. "Il peut y avoir une situation dans laquelle demain (...) il n'y aurait plus de gaz russe donc c'est à nous de préparer ces scénarios-là."

(Reuters)