Lutter contre le vieillissement des installations

Après une série de pollutions intervenues entre 2007 et 2009, le ministère de l'Écologie a présenté l'an dernier un vaste plan destiné à accroître la surveillance des installations potentiellement dangereuses. Il en coûtera environ 500 millions d'euros aux industriels.
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Les installations industrielles les plus anciennes ne présentent-elles pas trop de risques ? Et sont-elles suffisamment contrôlées ? Comme dans le nucléaire, où le débat fait rage sur la nécessité ou non de fermer les réacteurs les plus anciens, les industriels de la chimie ou du pétrole sont régulièrement soumis à ce type de questions. Et les pouvoirs publics s'inquiètent. D'autant que, entre 2007 et 2009, plusieurs défaillances ont entraîné des pollutions accidentelles dans l'Hexagone. En 2007, l'ouverture d'un bac de stockage dans un dépôt pétrolier laisse échapper 2.000 m3 de pétrole, entraînant une pollution des berges de la Garonne sur 40 kilomètres. En 2008, c'est la Loire qui se retrouve souillée après la fuite d'une canalisation dans la raffinerie Total de Donges. Et en août 2009, une fuite sur l'oléoduc reliant Fos-sur-Mer à l'Allemagne entraîne le déversement de 4.000 m3 de pétrole brut dans la réserve naturelle de Coussouls de Crau (Bouches-du-Rhône). Cette conduite, gérée par la Société du Pipeline Sud-Européen (SPSE), a été installée en 1971, trente ans avant la création de la réserve. Les canalisations de pétrole ou de gaz sont certes soumises à des obligations de contrôle approfondi, mais tous les dix ans seulement. Pour l'oléoduc de la SPSE, la dernière de ces visites avait été réalisée neuf ans plus tôt.

Ces accidents successifs incitent la ministre de l'Environnement de l'époque, Chantal Jouanno, à réclamer des visites plus régulières et plus approfondies, notamment sur les canalisations, dont la moyenne d'âge atteint 44 ans dans les hydrocarbures. Elle demande aussi que des équipements qui n'étaient pas soumis à surveillance soient désormais inspectés. C'est le cas de certains ouvrages de génie civil : cuvettes de rétention, fosses humides, etc. Six groupes de travail sont instaurés entre le ministère, des experts, et les fédérations professionnelles concernées. Quelque 150 personnes travaillent ainsi durant un an et, en janvier 2010, le plan de modernisation des installations industrielles est présenté.

« Ce plan va coûter 300 millions d'euros au secteur de la chimie, indique Philippe Prudhon, à l'Union des industries chimiques. Il va falloir vraiment documenter la totalité des équipements industriels, retrouver des documents initiaux, faire un inventaire complet des usines. Mais nous avons travaillé de façon constructive avec le ministère qui a accepté que nous rédigions des guides techniques sur chacun des grands types d'équipements. Ce sont des bonnes pratiques écrites qui serviront à l'ensemble des industriels. »

Chez Arkema, Jean Morch, le directeur sécurité?environnement, reste toutefois optimiste : « Cela va nous demander du travail, mais cela va aussi nous stimuler pour corriger certaines situations. »

Au total, pour l'ensemble des industries concernées, la mise en oeuvre de ces mesures devrait représenter une facture d'environ 500 millions d'euros, selon les calculs du ministère. Les guides techniques sont en cours de rédaction. Et, d'ici à fin 2012, les canalisations potentiellement abîmées devraient être inspectées et les ouvrages de génie civil désormais soumis à surveillance seront recensés.

Un formalisme encore accru pour des industries déjà très réglementées, mais une protection supplémentaire pour les hommes et l'environnement.

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