"La croissance verte est un mythe"

Voie royale pour sortir de la crise ou destruction d'emplois ? L'économie verte illustre surtout une mutation incontournable face à laquelle les États, comme les entreprises, ont intérêt à se montrer proactifs.
Reuters

« Green New Deal. » À l?automne 2008, l?ONU, les Verts européens, des éditorialistes, des ONG... ne juraient que par cette « nouvelle donne verte », mariant économie et environnement. Cette référence au vaste plan de relance gouvernemental mis en place par le président Roosevelt en 1933 pour sortir l?Amérique de la crise de 1929 a été employée dès janvier 2007 par l?éditorialiste et écrivain Thomas Friedman, dans un éditorial du New York Times. Quelques mois plus tard, en pleine crise financière, le PNUE (Programme des Nations unies pour l?environnement) en appelait lui aussi à un « Green New Deal » capable de générer des millions d?emplois tout en combattant le réchauffement climatique.

Énergies renouvelables, voitures électriques, réseaux intelligents semblaient alors la solution la plus prometteuse pour sortir de la crise. Sur les 2 800 milliards de dollars cumulés des plans de relance déclenchés dans le monde début 2009, 430 milliards (15 %) étaient consacrés aux technologies « vertes ». En tête des pays les plus volontaristes, la Chine (238 milliards), les États-Unis (118) et la Corée (60 milliards, soit 80 % de son plan de relance). Et la France ? 6 milliards de dollars, soit 21 % de son plan de relance. Dans la foulée du Grenelle, un rapport commandé par le ministère de l?Écologie promettait 600 000 créations d?emplois.

Un chiffre qui a été beaucoup débattu avant d?être requalifié en « 600 000 emplois créés ou maintenus ». Trois ans plus tard, difficile d?évaluer précisément les résultats de ces investissements. Selon un rapport du PNUE de février 2011, à l?échelle mondiale le solde entre destruction et création de richesse et d?emplois liés à l?environnement deviendrait globalement positif à partir de 2020 après avoir dans un premier temps causé quelques dégâts, et avec des résultats contrastés selon les secteurs. En France, selon les « comptes annuels de l?environnement pour 2009 », les éco-activités auraient généré cette année-là un excédent commercial de 750 millions d?euros. Quant aux emplois verts, au nombre de 950 000 en 2008, auraient progressé de 0,7 % par rapport à 2007.
Mais les débats opposant emplois et environnement continuent de faire rage. Ainsi aux États-Unis, selon des études publiées en 2011, la mise en ?uvre de normes de pollution plus restrictives envisagées par l?EPA (l?Agence de protection de l?environnement) aboutirait à la destruction de 77 % des emplois dans les mines de charbon d?ici à 2030. Une autre étude évalue entre 25 et 75 milliards de dollars et entre 476 000 et 1,4 million d?emplois les pertes qui en découleraient. Ces chiffres montrent surtout qu?une transformation inéluctable de l?économie est en marche, qui passe par l?abandon progressif de secteurs polluants au bénéfice d?autres, plus respectueux de l?environnement. En 2010, la John Hopkins University et le Center for Climate Strategies ont étudié seize États américains ayant adopté des mesures environnementales. Puis ils ont extrapolé les résultats obtenus à l?échelle du pays au cas où les projets pro-climat de l?administration Obama seraient adoptés. Bilan : des émissions de gaz à effet de serre en baisse de 27 % entre 1990 et 2020, une hausse du PIB de 157 mil- liards de dollars, et 2,5 millions d?emplois créés. Ce qui risque de ne pas se produire de sitôt, Obama ayant choisi de lâcher du lest à ses opposants sur ce sujet au profit de sa réforme du système de santé...

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