"Les États-Unis sont les champions des énergies renouvelables"

En réalité, la Chine, qui leur conteste cette domination jusque sur leur propre sol, a dépassé les Américains depuis peu.
Le pésident Barack Obama sortant d'une Chevrole électrique / Reuters

«Green is green.» Ce mantra des tenants de la croissance verte (l?environnement génère des dollars) est attribué à Jeffrey Immelt, patron du conglomérat américain General Electric (GE), qui aurait prononcé cet oracle dès 2006. Avec son programme Ecomagination, lancé un an plus tôt, GE est l?une des premières entreprises à avoir décidé de transformer les contraintes environnementales en opportunité de créer ou dynamiser de nouveaux marchés. Les objectifs annuels, à l?horizon 2010, étaient de 1,5 milliard de dollars investis dans des produits « verts » et 20 milliards de chiffre d?affaires. La crise est passée par là, mais Ecomagination a réalisé 18 milliards de chiffre d?affaires en 2010 et GE a annoncé son intention d?investir 10 milliards de dollars de plus dans la « green economy » entre 2010 et 2015.

Tout aussi américains sont les entrepreneurs de la Solar Valley, nouveau surnom donné à la région de San Francisco et San Diego, naguère baptisée Silicon Valley en référence à la concentration d?entreprises de la nouvelle économie. D?ailleurs, le silicium reste un élément clé des industries solaire et électronique.
Américains également le bolide électrique Tesla aux performances comparables à celles de n?importe quelle Porsche, ou encore l?entreprise Better Place et son concept d?échange minute de batteries pour véhicules rechargeables, permettant de faire un plein électrique plus rapidement encore qu?un plein traditionnel. Les États-Unis, enfin, ont été les premiers à évoquer un « Green new deal » comme voie de sortie de la crise de l?automne 2008.

Pourtant, ce n?est pas aux États-Unis qu?ont été installées le plus d?éoliennes en 2010, ni qu?ont été fabriqués le plus de panneaux solaires, mais en Chine ! Avec plusieurs fabricants de panneaux solaires et d?éoliennes figurant parmi les leaders mondiaux, la Chine est, dans les énergies renouvelables aussi, la plus grande usine du monde. Mais pas seulement. Conscients des freins que pourrait faire peser sur sa croissance la poursuite d?une politique faisant fi de l?environnement, ses dirigeants ne cessent, plan quinquennal après plan quinquennal, d?accroître leurs ambitions en matière d?énergies renouvelables (15 % de renouvelables dans le mix énergétique à l?horizon 2020) et d?économie décarbonée, avec l?objectif d?abaisser l?intensité carbone (les émissions d?équivalent CO2 nécessaires à la production d?un point de PIB) de 45 % entre 2005 et 2020. Le tout assorti d?investissements colossaux, et d?un soutien sans faille aux entreprises locales sous forme d?exonérations d?impôts, remboursement de TVA et tarifs de rachat de l?électricité d?origine renouvelable. Accusant la Chine d?adopter un comportement protectionniste en fermant son (gigantesque) marché aux acteurs étrangers, tandis que ses champions locaux, eux, poussaient leurs pions en implantant des sites de fabrication jusque sur le territoire américain, les États-Unis avaient déposé en décembre 2010 une plainte auprès de l?OMC. Ils ont annoncé en juin 2011 que la Chine avait cessé ces pratiques. Mais pour la plupart des observateurs, le mal est fait. Si les Chinois semblent avoir obtempéré, c?est parce que ses industriels sont devenus assez puissants pour s?en passer. Nombreux sont les Américains qui n?hésitent pas à déclarer perdue la bataille de l?économie verte face à la Chine.

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