Conférence sociale : l'unité de façade

Ce lundi 16 octobre se tenait une conférence sociale intégrée au Conseil économique, social et environnemental voulue par le gouvernement. Dans un contexte tendu, sur fond d'inflation et de menace terroriste, patronat et syndicats ont tenté de faire valoir leur point de vue.
Fanny Guinochet
Elisabeth Borne cherchait à renouer avec les syndicats et le patronat. A ouvrir « une nouvelle étape dans la démocratie sociale ».
Elisabeth Borne cherchait à renouer avec les syndicats et le patronat. A ouvrir « une nouvelle étape dans la démocratie sociale ». (Crédits : GONZALO FUENTES)

Le gouvernement espérait tourner la page du conflit des retraites. En conviant les partenaires sociaux à travailler sur la question du pouvoir d'achat, ce lundi 16 octobre, au Conseil économique social et environnemental (Cese), Elisabeth Borne cherchait à renouer avec les syndicats et le patronat, à ouvrir « une nouvelle étape dans la démocratie sociale ». C'est la première fois sous la présidence d'Emmanuel Macron qu'une conférence sociale est organisée. La dernière remonte à 2015, sous François Hollande.

Hommage à Dominique Bernard

Cette conférence a débuté dans une ambiance lourde, marquée par l'assassinat vendredi de Dominique Bernard. Dans cette enceinte solennelle du Cese, Elisabeth Borne a ainsi démarré la journée par demander que soit observée une minute de silence en hommage au professeur de littérature.

Mais à l'issue de ce court moment d'union nationale, l'ambiance était tout autre. Appelés les uns après les autres à s'exprimer à la tribune, toute la matinée, les critiques à l'intention du gouvernement ont fusé. Plus ou moins vigoureusement.

Une série de critiques syndicales

Du côté syndical, malgré leurs différences, les organisations ont chacune, exprimé leur inquiétude et leur indignation sur la progression de la pauvreté dans notre pays, l'inégalité entre les revenus du travail et ceux du capital, l'équité de carrière entre les hommes et les femmes, les effets pervers des exonérations de cotisations, l'inefficacité des ordonnances, le manque de respect du paritarisme par l'exécutif, etc...

« La France est un paradis pour les rentiers », a ainsi lancé Sophie Binet, de la CGT, qui réclame une indexation des salaires sur les prix. Et d'interpeller la cheffe du gouvernement « il faut des actes concrets et rapides ».

A la CFDT, Marylise Léon a insisté sur la nécessité de conditionner tout ou partie les exonérations de cotisations pour les branches professionnelles qui ne jouent pas le jeu de la négociation. Elle a aussi demandé  « que la directive européenne sur la transparence salariale pour améliorer l'égalité entre les hommes et les femmes soit rapidement transposée dans notre droit ». Même agacement perceptible à la CFE-CGC : « comment est-ce possible qu'il y ait autant de travailleurs pauvres ? Le plein emploi est un leurre qui cache les emplois précaires » a ainsi regretté François Hommeril. De son côté Frédéric Souillot pour Force Ouvrière a ironisé : « J'ai bien compris que je n'étais pas docteur en économie, mais nos revendications n'ont pas changé. Derrière les chiffres, il y a des travailleurs qui n'arrivent pas à remplir le frigo. Et le point d'indice dégèle moins vite que la banquise... » Enfin, Cyril Chabanier de la CFTC s'est lui aussi impatienté : « les constats sur le pouvoir d'achat, on les formule depuis 20 ans. Mais on fait quoi ? la CFTC attend autre chose qu'une nouvelle liste d'incitations » etc.

.... et patronales

Du côté du patronat, les coups de griffe au gouvernement aussi étaient là. Patrick Martin, au Medef, a évoqué la hausse des charges pour les entreprises, dans un contexte économique tendu. « Pour pouvoir distribuer de la valeur aux salariés, il faut que les entreprises dégagent du résultat. Or, plusieurs annonces récentes devraient se traduire mécaniquement par une hausse du coût du travail, réduisant d'autant leurs marges de manœuvre. »  Son homologue à la CPME, François Asselin a, certes, reconnu le soutien du gouvernement pendant le Covid, mais a tenu à rappeler que désormais, les entreprises devaient rembourser les aides publiques. Sous-entendu, revoir les exonérations de cotisations serait malvenu.

Lire aussiSalaires : « Les patrons ont joué le jeu », répond Patrick Martin (Medef) aux syndicats

Peu d'accords possibles

A l'issue de ces échanges, des ateliers devaient se tenir cet après-midi, alors que la Première ministre s'était déjà excusée. Elle devait filer à la mi-journée pour un conseil de défense à l'Élysée. En fin d'après-midi, Elisabeth Borne devait revenir au Cese. Mais syndicats comme patronat, n'attendaient que très peu d'annonces. Si ce n'est la création de ce Haut conseil aux rémunérations dont la Première ministre avait donné la primeur, dans son interview, à la Tribune Dimanche, ce 15 octobre.

Fanny Guinochet
Commentaires 3
à écrit le 17/10/2023 à 8:50
Signaler
J'ai l'impression qu'avec deux femmes fraichement débarquée en tant que patronnes, les syndicats sont encore plus serviles envers la classe dirigeante non ? Vous voyez à quoi vous servez mesdames ? Oui vous le savez très bien mais bon forcément aussi...

à écrit le 16/10/2023 à 18:36
Signaler
Oups, désolé, quarante-deux ans et non vingt-deux. Wahou "Raymond", tu vas finir par ne plus avoir les yeux en face des trous dans ce pays. C'est contagieux sans doute alors que j'ironise aussi sur moi-même, dois-je consulter docteur?😉

à écrit le 16/10/2023 à 18:27
Signaler
Blablabla🥳Vingt-deux ans après le discours d'investiture de Ronald Reagan en janvier 1981, qui aurait cru un jour que j'aurai pu poser ces dernières années le même constat: "l’Etat n’est pas la solution à notre problème, l’Etat est notre problème". C...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.