
[Article publié le lundi 28 août à 15H25 et mis à jour à 15H54] Depuis 2017, « nous menons une politique pro-business », tels ont été les mots de la Première ministre, ce lundi, en préambule de son allocution devant les chefs d'entreprise réunis pour la traditionnelle université d'été du Médef, la Rencontre des entrepreneurs de France (Ref). Comme pour illustrer son propos, elle a assuré qu'« il n'y aura pas de hausses d'impôt », assurant que « nous sommes la majorité qui a fait le plus pour libérer l'activité des entreprises depuis des décennies et les résultats sont là ».
Lire aussiEmmanuel Macron cherche à désamorcer la grogne patronale
L'occasion pour Elisabeth Borne de tenter d'apaiser les inquiétudes du patronat. À commencer par celle concernant la suppression de la contribution à la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt de production, qui se fera de façon étalée jusqu'à la fin du quinquennat et non plus en une seule fois, dès 2024, comme prévu.
Confirmant ce décalage, Elisabeth Borne a ainsi assuré l'ambition du gouvernement de le faire « le plus vite possible » mais « avec la nécessité de maintenir notre trajectoire de maîtrise de nos dépenses publiques ». Autrement dit : à un « rythme le plus rapide compatible avec notre trajectoire de finances publiques ».
« On a aujourd'hui un contexte macro-économique plus incertain que celui que nous pouvions attendre et dont on doit tenir compte », a rappelé à la cheffe du gouvernement, ajoutant que : « Chacun doit prendre sa part l'Etat prend sa part notamment avec baisse de 3% des dépenses de l'Etat en volume pour maintenir notre trajectoire de finances publiques et donc on demande à chacun d'entendre la nécessité de participer à cet effort ».
Peu avant, le nouveau président du Medef, Patrick Martin, a, lui, estimé que repousser à 2027 au lieu de 2024 la suppression totale de la CVAE serait « un très mauvais signal » pour les entreprises redevables de cet impôt de production. « Outre qu'il altérerait la confiance des entrepreneurs dans la parole de l'Etat - car oui l'Etat s'y était engagé, la loi a été votée - un nouvel étalement de la suppression de la CVAE serait un très mauvais signal », a-t-il dénoncé. « Nos entreprises, singulièrement nos entreprises industrielles, ont un impérieux besoin de cette suppression immédiate, au moment où la concurrence internationale s'intensifie et où nous devons investir massivement sur la décarbonation », a-t-il ajouté, arguant que cette suppression a été intégrée par les entreprises notamment « en termes de décisions d'investissement et d'embauche », et qu'« elle doit intervenir en temps et en heure ».
Paiement des indemnités en cas d'arrêt maladie : « pas de décisions unilatérales »
Concernant l'ambition du gouvernement de demander aux sociétés de prendre en charge des indemnités journalières dans le cadre des arrêts maladie pour freiner la progression de ces derniers, Elisabeth Borne s'est voulue rassurante. « Dressant le constat du nombre et du coût des arrêts maladies [qui] augmentent, - autant d'argent qui ne peut pas aller au financement de notre hôpital de notre politique du médicament - » , « il n'y aura pas une décision descendante venant du gouvernement », a-t-elle assuré. « Mais nous devons ensemble, médecin, assurance maladie, gouvernement, employeurs, salariés, trouver la façon de contenir ces dépenses »; a-t-elle néanmoins ajouté.
C'est « un bon investissement pour l'Unedic de contribuer à la formation des demandeurs d'emploi »
La Première ministre s'est également exprimée sur un autre sujet de crispation pour les chefs d'entreprise : la ponction d'une partie des excédents de l'Unedic pour créer France Travail. À ce propos, Patrick Martin avait dénoncé dans une interview au Figaro : « Il est choquant que le gouvernement veuille flécher ces sommes vers des usages auxquels elles ne sont pas du tout destinées ».
Elisabeth Borne s'est quant à elle réjouie que « les dépenses d'assurance-chômage baissent de 15 milliards d'euros par an à horizon 2027 ». Mais, « au moment où nous sommes, ce qui n'ont pas un emploi aujourd'hui en sont, sans doute, plus éloignés qu'ils ne l'étaient jusqu'à présent », a-t-elle alerté, considérant donc comme « un bon investissement pour l'Unedic de contribuer à la formation des demandeurs d'emploi et d'accompagner ceux les plus éloignés ».
Et je pense que de faire du préventif, d'accompagner davantage des demandeurs d'emplois, de mieux les former, c'est autant de dépenses d'assurance-chômage de moins demain et permet de répondre à la difficulté de recrutement, a-t-elle conclu.
Emmanuel Macron aux patrons : « J'ai besoin de vous »
Peu avant la cheffe du gouvernement, c'est Emmanuel Macron qui a pris la parole. Il a enregistré à l'intention des chefs d'entreprise, un message vidéo d'une dizaine de minutes dans lequel il s'est directement adressé à eux : « J'ai besoin de vous », leur a-t-il assuré à plusieurs reprises.
« Ce à quoi je crois en cette rentrée, c'est un message d'unité. Tous unis pour gagner la bataille du plein emploi, tous unis dans une conjoncture un peu plus difficile où il nous faut tenir et continuer d'avoir des bons résultats français, tous unis pour projeter notre pays vers les défis de demain », a-t-il énuméré.
« Vous savez que vous avez un président et un gouvernement qui, quand il s'engage sur des choses, le fait. J'attends la même chose de vous », a conclu le chef de l'Etat.
(Avec AFP)