À Bercy, les dossiers brûlants du nouveau pilote de l'Etat actionnaire Alexis Zajdenweber

Un mois jour pour jour après sa prise de fonction à Bercy, cet ancien conseiller d'Emmanuel Macron à l'Elysée aura notamment la lourde tâche de garantir l'indépendance énergétique de la France, à travers les participations de l'Etat dans les grands fleurons industriels alors que la crise frappe toute l'Europe de plein fouet. Alexis Zajdenweber va devoir s'attaquer au dossier délicat de la renationalisation d'EDF, avec une offre publique d'achat qui doit être lancée courant novembre,
Grégoire Normand
Pour l'Etat actionnaire, il ne s'agit plus seulement de remettre à flots les fleurons de son économie - EDF et Air France-KLM en tête - ou d'empêcher des investisseurs étrangers d'en prendre le contrôle. Il faut désormais assurer l'indépendance énergétique et industrielle du pays.
Pour l'Etat actionnaire, il ne s'agit plus seulement de remettre à flots les fleurons de son économie - EDF et Air France-KLM en tête - ou d'empêcher des investisseurs étrangers d'en prendre le contrôle. Il faut désormais assurer l'indépendance énergétique et industrielle du pays. (Crédits : Reuters)

Après quatre mois de tergiversations, le président de la République a enfin tranché. Il a nommé Alexis Zajdenweber à la tête de la prestigieuse Agence des participations de l'Etat (APE) en conseil des ministres le 14 septembre dernier. Le nouveau patron de l'Etat actionnaire a pris ses fonctions à Bercy le lundi 19 septembre dernier. Il succède ainsi à Martin Vial qui a laissé son poste au début du mois de juin après sept longues années au ministère de l'Economie marquées notamment par la pandémie de coronavirus et le début de la guerre en Ukraine. ll s'agit d'un record pour cette agence créée en 2004.

Pendant l'été, l'intérim a été assuré par Stéphanie Besnier, directrice générale adjointe de l'agence des participations de l'Etat. Arrivée en mai 2021, cette ancienne élève de l'école Polytechnique a entamé sa carrière dans la finance londonienne il y a une vingtaine d'années chez BNP-Paribas avant de rejoindre la direction générale du trésor.

Elle devra épauler le nouveau patron de l'APE proche d'Emmanuel Macron dans ses nombreuses missions. Lors de la présentation de son premier rapport d'activité vendredi dernier, le nouveau directeur général a affirmé que la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont « poussé à réévaluer la doctrine d'investissement de l'État ». « Il faut répondre à des besoins immédiats »  en matière d'approvisionnement énergétique, il y a « une certaine forme d'urgence », a-t-il souligné évoquant la part prépondérante de l'énergie (50,3%) dans le portefeuille d'entreprises cotées de l'Etat.

L'ancien conseiller économique du chef de l'Etat entame son mandat dans un contexte économique particulièrement dégradé. L'explosion des prix de l'énergie et de l'inflation risquent encore de faire grimper la facture dans les entreprises dont l'Etat est actionnaire. Pour rappel, l'agence de Bercy a des participations dans 83 groupes tricolores.

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Retour à Bercy

Avec cette nomination, Alexis Zajdenweber revient aux sources. Diplômé de Sciences-Po Paris et ancien élève de l'Ecole nationale d'administration (ENA) , ce haut-  fonctionnaire né à Paris en 1976 a fait une bonne partie de sa carrière à la puissante Direction générale du trésor. Il s'est spécialisé dans la régulation des banques, des assurances et des marchés financiers.

Il a également planché sur le financement des entreprises et la lutte contre le blanchiment des capitaux. Ce fin connaisseur des entrailles de Bercy a également conseillé l'ancien ministre de l'Economie Pierre Moscovici sous François Hollande sur les sujets bancaires au lendemain de la grande crise financière de 2008.

Après avoir sillonné les longs couloirs du ministère des Finances, Alexis Zajdenweber a rejoint Emmanuel Macron au château de l'Elysée en mai 2017 au lendemain du second tour de l'élection présidentielle. Il est resté pendant cinq années le conseiller économie, finances et industrie du chef de l'Etat.

Au coeur de la machine étatique, Alexis Zajdenweber va ainsi côtoyer le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron Patrick Strzoda et le secrétaire général à l'Elysée Alexis Kohler actuellement mis en examen pour « prise illégale d'intérêts ».

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Energie, industrie, transport...les dossiers chauds d'Alexis Zajdenweber

A peine arrivé à son poste, la pile des dossiers chauds ne cesse de grandir sur le bureau d'Alexis Zajdenweber. Parmi les sujets brûlants figurent en premier lieu la renationalisation d'EDF. En pleine crise énergétique, EDF est actuellement frappé de plein fouet par des problèmes de corrosion et de maintenance à répétition sans parler des énormes secousses sur les marchés de l'énergie en Europe.

A l'approche de l'hiver, l'envol des prix de l'électricité pourrait faire grimper en flèche les factures d''électricité dans un grand nombre de secteurs et fragiliser encore plus le tissu industriel tricolore déjà mis à mal par les longs mois de pandémie.

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Une doctrine amenée à évoluer

En 2017, la doctrine de l'Etat actionnaire a évolué vers trois types d'entreprises : les entreprises qui contribuent à « la souveraineté » de la France (défense, nucléaire), les entreprises participant à des missions de service public ou d'intérêt général national ou local, enfin les entreprises en difficulté « dont la disparition pourrait entraîner un risque systémique ».

Cinq ans après, la crise sanitaire, la guerre en Ukraine et les bouleversements géopolitiques qui l'accompagnent, ont conduit l'Etat  à modifier la doctrine de l'Etat actionnaire, qui avait été jugée « obsolète » par la Cour des comptes en début d'année.

Une réévaluation au regard de quatre facteurs, a expliqué vendredi Alexis Zajdenweber : « la nécessité de soutenir les entreprises », « la prise en compte de la souveraineté économique et des besoins liés à la réindustrialisation du pays », « les exigences environnementales » et les disruptions « numériques et technologiques qui amènent à bouleverser les modèles économiques des entreprises ».

« Défendre les intérêts patrimoniaux de l'Etat est la raison d'être de l'APE. Elle doit le faire en tenant compte de nouveaux impératifs », a rappelé le nouveau patron de l'APE, en citant « l'enjeu climatique », et les impératifs de « souveraineté », « de la réindustrialisation du pays » et « des résiliences des entreprises et des filières pour mieux comprendre les risques, les menaces, les fragilités dans nos participations ».

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Grégoire Normand
Commentaires 3
à écrit le 24/10/2022 à 18:11
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L'Etat - je suppose qu'on parle d'E. Macron - ayant prouvé sa désastreuse qualité d'actionnaire, je propo se qu'on demande à M. Mustier, s'il est libre, de superviser l'agence des participations de l'Etat et d'en rendre non au Parlement -qui s'est, d...

à écrit le 23/10/2022 à 18:47
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Macron ne fait que la com et contrairement à ses annonces ne veut ni renationaliser EDF ni relancer le nucléaire civil par idéologie ultralibérale Reagano-thatchérienne. D'ailleurs relancer le nucléaire civil demanderait un plan d'investissement gig...

à écrit le 23/10/2022 à 18:36
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Ces, soi-disant, "nationalisations" ne sont que des mises à disposition pour l'UE de Bruxelles, seule souveraine aux yeux de McKron ! :-)

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