A temps de travail égal, salaire inégal : les femmes gagnent près de 15% de moins que les hommes

Les inégalités salariales entre femmes et hommes persistent. Alors que l'écart de salaire s'établit à 4% à poste comparable, il a atteint près de 15% à temps de travail égal en 2022, d'après la dernière étude de l'Insee dans le secteur privé. Et même plus de 23% lorsque l'on regarde le revenu salarial moyen.
Les femmes ont moins de temps à consacrer à leur carrière pour s'occuper des tâches domestiques.
Les femmes ont moins de temps à consacrer à leur carrière pour s'occuper des tâches domestiques. (Crédits : Carlos Garcia Rawlins / Reuters)

4%, 14,9% ou 23,5% ? C'est le perpétuel débat sur l'écart de salaires entre les hommes et les femmes. En effet, à poste comparable, « c'est-à-dire en comparant les postes de même profession chez le même employeur », l'écart de salaire s'établit à 4% en 2022 dans le secteur privé, d'après les derniers chiffres de l'Insee. Un chiffre qui s'explique par le fait que les femmes ont tendance à moins négocier leurs salaires. « Nous sommes socialisés pour penser que l'argent est moins important pour les femmes que pour les hommes », note Clotilde Coron, Professeur des universités à Paris Saclay. Les femmes ont ainsi tendance à davantage s'auto-censurer et à estimer qu'elles méritent moins.

Du mieux tout de même comparé à l'année précédente, où il atteignait 4,3%. Pas de quoi crier victoire trop vite néanmoins. Comme le souligne l'institut de statistiques, « cet écart de salaire ne peut s'interpréter comme une mesure de la discrimination salariale » car elle ne prend pas en compte certaines différences comme l'expérience, l'ancienneté ou encore le diplôme.

Cet écart s'accentue donc lorsque l'on regarde le revenu salarial moyen, qui mesure la rémunération nette effective. Celui des femmes est inférieur de 23,5% à celui de leurs homologues masculins en 2022. Une légère réduction par rapport à 2021 (24,4%). Dans le détail, elles gagnent en moyenne 19.980 euros par an contre 26.110 euros pour les hommes. Une différence qui repose en partie sur « les différences de volume de travail moyen », précise l'Insee. Autrement dit, les femmes sont moins souvent en emploi au cours de l'année et travaillent davantage à temps partiel, qu'il soit choisi ou subi.

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Surreprésentation du temps partiel

En effet, « les femmes sont surreprésentées dans le temps partiel, et cela évolue peu, à cause de l'incompatibilité entre le fait de s'investir dans sa vie familiale et s'investir dans sa carrière », pointe Clotilde Coron, Professeur des universités à Paris Saclay. Il peut être difficile pour certaines femmes d'être davantage disponibles, de partir par exemple en déplacement du fait de leur vie familiale. « Le temps partiel peut également découler de la répartition des tâches domestiques dans les couples hétérosexuels qui a peu évolué », souligne-t-elle également. Les femmes ont donc moins de temps à consacrer à leur carrière pour s'occuper des tâches domestiques, ce qu'il fait qu'elles gagnent moins que les hommes.

« Et lorsqu'un des deux conjoints doit se mettre en temps partiel pour s'occuper par exemple des enfants, on va économiquement privilégier la femme, car elle gagne moins », argue l'experte, « c'est un phénomène qui s'autoentretient ».

Enfin, à temps de travail égal, l'écart de salaire moyen en équivalent temps plein est réduit à 14,9% contre 15,5% en 2021. Un écart qui s'explique notamment par « la ségrégation genrée des métiers », analyse Clotilde Coron. C'est-à-dire que les hommes et les femmes ne vont pas exercer les mêmes métiers, travailler dans les mêmes secteurs ou entreprises en fonction de leur sexe. Les femmes sont surreprésentées dans les métiers de secrétaires, employées administratives ou encore nettoyeuses. Alors que les hommes le seront en tant que conducteurs routiers ou bien ingénieurs informatiques...

Mais alors quels chiffres sont à prendre le plus en considération ? « Cela dépend de quoi on parle », estime-t-elle. « 4% représente la discrimination directe mais si on veut mesurer les inégalités de façon plus générale, c'est le chiffre de 23,5% qui représente mieux ce qui se passe concrètement ».

Secteur d'activité, taille de l'entreprise...

Les écarts salariaux vont également varier selon le secteur d'activité, la taille de l'entreprise ou encore l'âge. En prenant le salaire net (salaire perçu avant le prélèvement de l'impôt sur le revenu) en équivalent temps plein, les hommes de moins de 25 ans gagnent 4,7% de plus que les femmes de la même tranche d'âge. Un écart qui va s'intensifier avec l'âge pour atteindre 26,1% pour les personnes âgées de 60 ans ou plus.

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Concernant la catégorie socio-professionnelle, les écarts les plus importants concernent les cadres, 15,7%, alors que l'écart sur le volume de travail entre les deux sexes au sein de cette catégorie n'est « que » de 4,3%. Par ailleurs, les inégalités vont également s'accroître en fonction de la taille de l'entreprise. Ainsi, l'écart de salaire en équivalent temps plein est de 7,9% pour les entreprises de moins de 10 salariés, contre 18,2% pour les entreprises de plus de 5.000 salariés.

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La ségrégation professionnelle joue aussi sur le niveau de hiérarchie des femmes. Elles vont être sous-représentées parmi les plus hauts salaires. Parmi les 1% de salariés les mieux rémunérés, elles ne représentent plus que 22,8% des effectifs.

Qui plus est, les écarts de salaires en équivalent temps pleins s'accroissent en fonction du nombre d'enfants. « Ces différences proviennent à la fois de la baisse de salaire observée après la naissance mais aussi des carrières durablement ralenties des mères », pointe l'étude de l'Insee.

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Un écart qui tend à se réduire

Du mieux tout de même malgré ces inégalités persistantes. En 1995, l'écart de salaire net en équivalent temps plein était de 22,1%. Une amélioration, donc, de 7,2 points en presque 30 ans. Parmi les facteurs explicatifs, l'Insee souligne notamment l'augmentation des femmes cadres, mieux rémunérées que les autres salariés du secteur.

L'écart de volume de travail s'est également réduit : de 14,9% en 1995 à 10,1% en 2022. Le revenu salarial moyen était donc inférieur de 34% à celui de leurs homologues masculins entre 1995 et 2001 avant d'amorcer une décrue d'en moyenne 0,5 point par an puis de 2,2 points entre 2019 et 2022. Il n'y a donc plus qu'à espérer que cette tendance se poursuive...

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Commentaires 19
à écrit le 06/03/2024 à 16:26
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Parce que les femmes ne travaillent pas.

à écrit le 06/03/2024 à 14:57
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Je connais des femmes qui dirigent l'entreprise de leurs maris, et qui n'ont aucun complexes de discrimination. Le revenu de leur conjoint est celui du foyer, et cela fausse les statistiques.

à écrit le 06/03/2024 à 11:03
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C'est la façon Mckronienne de réunifier un pays par la division dans le même style que la construction d'un coalition européenne ! ;-)

à écrit le 06/03/2024 à 9:06
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Les hommes n'ont pas mis les femmes au travail pour les libérer mais pour les exploiter. Moldaves, bangladais, Vietnamiens, travailleurs handicapés et-c... partout du dumping social. Vous devriez enquêter dans les ESAT, il faut voir comme les handica...

à écrit le 06/03/2024 à 8:11
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Quand je lis les quelques commentaires , je me dis que ces Dames ne sont pas sorties de l'auberge

le 06/03/2024 à 8:18
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Egalite des salaires femme et homme se doivent d'etre inscrit dans la constitution la le pouvoir pourrais exprimer une avance social conforme au droit mais que nenni la macronie préfère la zizanie sur des sujets prêt a diviser

le 06/03/2024 à 13:23
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l'egalite homme femme est dans la constitution et pouvoir ne fait pas son job simplement par segregation autrement dit une forme aigu de racisme m macron qui pretend etre transparent voila un sujet ou est responsable car meme son administration ...

à écrit le 06/03/2024 à 7:22
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Mesdames devenez fonctionnaires vous serez payées comme les hommes.

le 06/03/2024 à 7:49
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En théorie oui car on peut pas négocier son salaire dans la fp. Dans la pratique non, car les hommes prennent davantage d’heures supp et d’astreintes, d’horaires décalés (primes), et prime pour charges lourdes ou pénibilité. Ce qui a aussi pour contr...

le 06/03/2024 à 8:44
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Enfin dans la FP nationale car dans la territoriale, on peut observer des écarts comparables au privé...

le 06/03/2024 à 8:45
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@tartuf : certes, mais l'article ne parle pas de rémunération totale, mais horaire.

à écrit le 05/03/2024 à 22:38
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"A temps de travail égal, salaire inégal : les femmes gagnent près de 15% de moins que les hommes" Sauf que dans une économie de marché ce n'est pas tant le temps de travail qui est valorisé mais aussi sa productivité... Au regard d'une certa...

à écrit le 05/03/2024 à 21:24
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Ce qui compte, c'est ce que gagne un couple. La gestion de famille ne compte pas pour du beurre et c'est le coix du couple. La nature fait que les femmes ont leurs regles, avec ces effets sur pas mal d'entre elles et accouchent des enfants. Chaque ...

à écrit le 05/03/2024 à 18:44
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Oui, effectivement, à temps de travail égal les femmes gagnent près de 15% de moins que les hommes et cela est essentiellement dû au fait qu’elles occupent souvent des emplois moins rémunérés que ceux des hommes mais pour le même poste la différence ...

le 05/03/2024 à 19:32
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Il n'y a que la rigidité qui peut assurer une certaine égalité, comme dans la fonction publique d'Etat car dans la FP territoriale, où c'est davantage à l'arbitraire des responsables locaux, on observe des écarts comparables à celles du secteur privé...

le 06/03/2024 à 8:50
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Ce que j'ai constaté pendant mon parcours professionnel, c'est que les hommes n'ont pas toujours les mêmes contraintes que les femmes pour un même poste. Certaines taches pénibles sont réservés aux hommes : charges lourdes, horaires décalés, jours fé...

à écrit le 05/03/2024 à 18:05
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Il est à noter que dans d'autres pays, les femmes sont placées devant le choix entre la carrière et les enfants... d'où des taux de fécondité par femme comptant parmi les plus bas du monde et un déclin démographique (le solde naturel en Allemagne est...

à écrit le 05/03/2024 à 17:50
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En parlant de femme cadre : Hélène cadre dans une assurance à Marseille (Bouches-du-Rhône), elle a envoyé le 10 janvier dernier, par la Poste, en recommandé R3 - le tarif le plus élevé - 1 460 euros de chèques vacances. Deux années de chèques cumu...

le 06/03/2024 à 10:59
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egalite arnaque progressiste esclavagiste bourgeois ps lrem

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