Agirc-Arrco : après des tensions avec le gouvernement, le Medef prêt à ouvrir des discussions sur les petites retraites

« Nous avons entendu le gouvernement. Nous sommes prêts à anticiper les discussions », a déclaré le Medef ce vendredi. Ces dernières semaines, l'exécutif a laissé planer la menace d'une ponction sur le régime de retraites complémentaires. Une situation qui a créé des tensions.
Patrick Martin, le président du Medef.
Patrick Martin, le président du Medef. (Crédits : Reuters)

Après plusieurs semaines de tension, y aurait-il un signe de détente entre le Medef et le gouvernement ? Peut-être bien. Ce vendredi, le Medef s'est dit prêt à ouvrir des discussions sur les petites retraites dans le cadre du régime complémentaire privé Agirc-Arrco.

« Nous avons entendu le gouvernement. Nous sommes prêts à anticiper les discussions » prévues par les partenaires sociaux dans l'accord trouvé mi-octobre sur l'Agirc-Arrco, a ainsi déclaré l'organisation patronale. « Elles devront, bien entendu, se tenir avec l'exigence de garantir l'équilibre du régime et donc les droits des retraités de l'Agirc-Arrco, dans la durée », a-t-elle ajouté.

La menace d'une ponction qui plane toujours

Le gouvernement a laissé planer ces dernières semaines la menace d'une ponction sur le régime de retraites complémentaires pour financer le régime global des retraites. Il soutient qu'une partie des excédents prévisibles de l'Agirc-Arrco lui revient, puisqu'ils ont été générés par la réforme des retraites qu'il a mis en œuvre. Cette demande a suscité une levée de boucliers des syndicats patronaux (sauf la CPME et l'U2P) et salariés, dont certains ont qualifié la mesure envisagée de « hold-up ».

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Devant l'Assemblée nationale ce mardi, le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, avait indiqué que le gouvernement ne mettait pas à exécution, «à ce stade», son projet de ponction. Mais le ministre a demandé à ce que les partenaires sociaux proposent « des avancées concrètes et rapides » sur le dossier des petites retraites.

Dissonances

Autre syndicat patronal de poids, la CPME n'a pas signé l'accord de mi-octobre aux côtés du Medef et des partenaires sociaux. « Soyons honnêtes en reconnaissant que les recettes supplémentaires attendues sont en partie le résultat de la réforme des retraites portée par le gouvernement », a justifié ce mardi à l'AFP François Asselin, président de la CPME, qui représente une grande partie des petites et moyennes entreprises françaises.

Un avis que partage aussi le ministre du Travail, soutien de cette mesure de ponction.  Olivier Dussopt estime que celui-ci prévoit « des dépenses nouvelles ». Et ce, par une revalorisation de 4,9% des pensions, à hauteur de l'inflation, et par la suppression d'une décote de 10% incitant les salariés à décaler leur départ à la retraite d'un an. Selon le résumé qu'en fait le ministre, cet accord provoque « un déséquilibre des comptes publics d'un milliard d'euros ».

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Face à la fronde du Medef et des syndicats de salariés, le ministre du Budget Thomas Cazenave a tenté ce mardi de défendre la position du gouvernement : « L'objectif de sanctuariser les économies réalisées a été présenté de manière transparente depuis le début de la concertation sur la réforme des retraites, y compris dans une logique de solidarité inter-régimes ».

L'article 9 de l'accord paritaire Agirc-Arrco en question

Selon le gouvernement, il s'agirait de mettre très rapidement en œuvre l'article 9 de l'accord paritaire Agirc-Arrco de la mi-octobre, qui ouvre la porte à des « dispositifs de solidarité en direction des allocataires du régime ». L'article 9 prévoit de mettre en place un groupe de travail paritaire sur ce sujet « d'ici la fin du premier semestre 2024 ».

L'accord paritaire Agirc-Arrco de la mi-octobre a été signé par le Medef et les cinq organisations syndicales représentatives, y compris la CGT. La CPME et l'U2P (artisanat et professions libérales), deux autres organisations patronales, ne l'ont en revanche pas signé.

Les petites pensions bien revalorisées, selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse

Selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav), la dernière réforme des retraites a bien permis de rehausser, à hauteur « de 30 euros en moyenne », les petites pensions des personnes parties à la retraite depuis septembre. Un chiffre confirmé par le directeur de la Cnav, Renaud Villard, lors d'une audition ce mercredi 25 octobre au Sénat. Ce chiffre est « conforme à nos prévisions », a-t-il insisté.

Pour les personnes déjà en retraite, la réforme a revalorisé « de 50 euros en moyenne » le minimum contributif pour environ 500.000 personnes, a-t-il ajouté. Parmi elles, 20.000 personnes ont touché le montant maximal de 100 euros. La moyenne de 50 euros « est un peu inférieure » à la prévision de la Cnav, qui était de 60 euros, a précisé Renaud Villard.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 28/10/2023 à 17:12
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Le pillage de l'AGIRC ARRCO est-il prévu pour améliorer les retraites des fonctionnaires ? Si c'est la cas, j'ai une solution, qui serait d'augmenter les cotisations des dits fonctionnaires afin qu'ils financent leur caisse de retraite.

à écrit le 28/10/2023 à 7:58
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Un scandale de plus! ARRCO et AGIRC sont des caisses privées, elles appartiennent aux adhérents du privé. A partir du moment ou l'état pille ces caisses, ce pays n'est plus une démocratie mais une dictature. Pourquoi l'état ne pille pas la caisse de...

à écrit le 27/10/2023 à 21:58
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Non à la spoliation des biens privés par les états incapables de gérer l’argent public!

à écrit le 27/10/2023 à 19:54
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Les ministres et secrétaires d'état côtisent-ils à l'Agirc Arrco? Je ne demande pas s'ils bénéficient d'un intéressement ou de la participation aux bénéfices car je pense que, prudents, ils auraient refusé vu les résultats de leur gestion...

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